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L’Iran et la Turquie s'accordent à bloquer le fédéralisme des Kurdes de Syrie

Éclipsée par l’attentat d’Istanbul, attribué à l’organisation de l’Etat islamique et qui a fait quatre morts, la visite du chef de la diplomatie iranienne en Turquie a été l’occasion pour les deux pays de rappeler leurs intérêts communs. Ankara et Téhéran souhaitent renforcer leur échanges économiques, ramener la paix en Syrie et sauvegarder l’intégrité territoriale de l’Irak et la Syrie.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le ministre des Affaires étrangère iranien, Javad Zarif, et son homologue turc, Mevlut Cavusoglu, retrouvent le sourire en parlant affaires, le 19 mars 2016 à Téhéran. (Abdulhamid Hosbas/Anadolu Agency/AFP)

Alors que la Turquie est confrontée à «l’une des plus grande vagues de terrorisme de son histoire», selon la formule du président Erdogan, les autorités turques et iraniennes ne perdent pas le sens des réalités.
 
Au moment ou un attentat fauchait quatre touristes, trois Israéliens et un Iranien, à Istanbul, le ministre des Affaires étrangères de la République Islamique d’Iran, Javad Zarif, était reçu successivement par son homologue turc, Mevlut Cavusoglu, le président Erdogan et le premier ministre Davotoglu pour parler affaires.

Téhéran et Ankara veulent resserrer les liens économiques 
En dépit de leur désaccord sur l’avenir du président Bachar al-Assad, Ankara souhaitant son éviction et Téhéran le soutenant à bout de bras, les deux pays ont à cœur de renforcer le dialogue pour restaurer la paix en Syrie et surtout relancer leurs relations économiques.
 
La levée progressive des sanctions internationales à la suite de l’accord sur le nucléaire a en effet ramené l’Iran, ses 80 millions d’habitants et ses réserves pétrolières et gazières parmi les plus importantes de la planète, dans le grand concert commercial des nations.
 
«Nous recherchons le meilleur niveau possible de coopération économique avec la Turquie, après l’accord sur le nucléaire», a déclaré Javad Zarif. «Si dieu le veut, nous pourrons atteindre les 30 milliards de dollars d’échanges commerciaux entre nos deux pays», a-t-il indiqué.
 
Un objectif confirmé par le chef de la diplomatie turque qui a rappelé que grâce à la coopération entre les deux pays, 1,7 million de touristes Iraniens se rendaient chaque année à Turquie.
 
Egalement au centre de ces discussions, qui interviennent deux semaines après la visite du Premier ministre Davutoglu à Téhéran, la situation en Syrie au lendemain de la proclamation par les Kurdes d’une région fédérale dans le nord du pays.
 
L'Iran dit poliment non aux velléitès séparatistes des Kurdes de Syrie
Perçue par Ankara comme un premier pas vers l’autonomie, l’initiative a été dénoncée par Mervut Cavusoglu. Pour lui les Kurdes syriens du PYD, qui ne sont que le prolongement du PKK turc, «ont montré leur vrai visage… Ils veulent une Syrie divisée. Avec l’Iran, nous soutenons l’intégrité territoriale syrienne», a-t-il précisé.
 
Le ministre iranien Javad Zarif avait indiqué pour sa part que son pays s’opposait à tout acte portant atteinte à l’intégrité territoriale de l’Irak et de la Syrie. Une manière polie de dire non aux velléités séparatistes kurdes et de confirmer son attachement aux frontières actuelles, à la plus grande satisfaction de la Turquie.
 
En échange, même s’il a tenu à rappeler qu’Ankara ne ferait pas marche arrière sur sa position à l’égard de Bachar al-Assad, le ministre turc a reconnu qu’il n’y aurait pas de solution politique en Syrie sans la contribution de Téhéran.
 
 

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