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Le président iranien Rohani préfère la «dignité» à la police des mœurs
Une milice de 7000 personnes, hommes et femmes, parcourt les rues de Téhéran depuis le 18 avril à la recherche d’un foulard mal porté ou d’automobilistes qui écoutent fort de la musique. Le président iranien s’élève contre cette police des mœurs et promet de protéger les libertés. En jeu : 69 sièges en ballottage pour les législatives du 29 avril.
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Ils n’ont pas le droit d’arrêter les contrevenants mais ont le SMS facile. A une semaine du second tour des législatives (29 avril 2016), une campagne de moralité bat son plein dans la capitale iranienne. Quelque 7.000 personnes, hommes et femmes, patrouillent dans les rues de Téhéran à la recherche de la moindre mèche de cheveux visible.
Les patrouilles en civil ont la charge de surveiller «le mauvais port du voile, les nuisances sonores, le harcèlement des femmes et le non respect du (port du) voile dans les voitures», explique le général Hossein Sajedinia, cité par l'agence Mizan qui dépend de l'autorité judiciaire en Iran. Précision : les miliciens (indicateurs) n’ont pas le droit d'agir eux-mêmes et devraient se contenter de rapporter les cas à la police.
Le président, le guide suprême et les mœurs
«Notre premier devoir consiste à respecter la dignité et la personnalité des gens. Dieu a accordé une dignité à tous les êtres humains», a déclaré le président Hassan Rohani, se démarquant ainsi la «police des mœurs». Derrière cette position, la guerre entre réformateurs et conservateurs, entre les partisans du président Rohani et ceux du guide suprême de la Révolution islamique, l'ayatollah Ali Khamenei.
La police iranienne obéit à deux autorités. Les policiers font partie des forces armées et sont sous la supervision du guide suprême mais le gouvernement, au travers du ministère de l'Intérieur, a son mot à dire dans la définition des missions dévolues à la police.
Rendez-vous le 16 avril
Hassan Rohani a été élu en 2013 principalement grâce aux voix des jeunes et il désapprouve les règles islamiques les plus strictes. Nombre de jeunes espéraient que sa présidence s'accompagnerait d'un assouplissement des restrictions d'ordre culturel.
Le second tour des élections législatives en Iran aura lieu le vendredi 29 avril pour 69 des 290 sièges non pourvus au premier tour le 26 février. Lors de ce premier tour, le président modéré Hassan Rohani et ses alliés réformateurs ont été confortés dans leur politique d'ouverture en enregistrant une forte progression face aux conservateurs, sans qu'aucun des deux camps n'obtienne la majorité au Parlement.
Sur 290 sièges, 103 ont été remportés par des conservateurs ou proches, 95 par des réformateurs/modérés ou proches et 14 par des indépendants dont la tendance politique est encore inconnue. Il faut y ajouter quatre conservateurs modérés ayant été soutenus par les réformateurs et cinq représentants des minorités religieuses qui n'ont généralement pas d'affiliation politique. Le nouveau Parlement entrera en fonction en mai.
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