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L’Arabie Saoudite et l’Iran reprennent langue sur le pèlerinage de la Mecque
Le roi Salman d’Arabie Saoudite et le président Rohani de la République islamique d’Iran n’ont fait que se croiser dans les couloirs du sommet de l’Organisation de la Conférence Islamique d’Istanbul. En revanche, des officiels des deux pays ont repris langue pour la première fois, malgré la rupture des relations diplomatiques, pour définir les conditions du pèlerinage pour les fidèles iraniens.
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Une délégation iranienne se trouve depuis jeudi 14 avril à la Mecque pour discuter avec des responsables saoudiens des conditions dans lesquelles les fidèles de la République islamique d'Iran pourront effectuer leur pèlerinage.
C’est la première fois depuis la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, en janvier 2016, que des officiels de ces deux pays se rencontrent.
Ryad et Téhéran doivent définir les modalités du pèlerinage des fidèles iraniens
Ryad a en effet rompu les ponts avec Téhéran à la suite du saccage de son ambassade par des manifestants iraniens en réaction à l’exécution d’un opposant chiite saoudien.
En dépit des multiples fronts, en Irak, en Syrie, au Liban et au Yémen, où ces deux puissances pétrolières régionales s’opposent le long de la ligne de fracture sunnite-chiite, des officiels des deux pays sont contraints de discuter des modalités d’une des cinq obligations pour tout musulman dans le monde, quel que soit son appartenance.
«Nous avons demandé que le respect des pèlerins iraniens soit garanti, que leur sécurité soit assurée et que les pèlerins soient transférés en Arabie Saoudite uniquement avec des avions iraniens», a déclaré Saïd Ohadi, le chef de l’organisation iranienne du Hajj (pèlerinage).
Jusque là, et parallèlement à la rupture des relations diplomatiques, l’Arabie Saoudite a interdit tous les vols iraniens à destinations de ses aéroports ainsi que les vols vers l’Iran.
Toujours selon Saïd Odahi, dont les propos ont été rapportés par la télévision d’état iranienne, les discussions devraient se poursuivre les prochains jours.
Des relations frappées de plein fouet par la gigantesque bousculade de la Mecque
Avant la rupture, les relations entre les deux pays s’étaient sérieusement détériorées après la tragédie la plus meurtrière en 25 ans qui avait endeuillé le grand pèlerinage.
Le 24 septembre 2015, la rencontre entre deux flux de pèlerins dans la vallée de Mina, où se déroule le rituel de la lapidation de Satan, s’était transformée en une gigantesque bousculade, qui avait fait 2.300 morts dont plus de 400 Iraniens.
Téhéran qui avait aussitôt dénoncé «l’incompétence» de Ryad, attend d’ailleurs toujours des mesures de compensation du gouvernement saoudien pour les familles des victimes.
Il y a toutefois peu de chance que ces discussions constituent un premier pas vers le rétablissement des relations entre les deux pays.
L'Organisation de la conférence islamique condamne l'ingérence de l'Iran dans la région et son soutien au terrorisme
Le Roi Salman d’Arabie Saoudite et le président iranien Hassan Rohani se sont soigneusement évités lors du 13e sommet de l’Organisation de la conférence islamique qui se tenait les 14 et 15 avril à Istanbul.
Dans son communiqué final, cette instance regroupant 57 Etats-membres et dominée par l’islam sunnite a «déploré l’ingérence de l’Iran dans les affaires intérieures des Etats de la région et dénoncé son soutien continu au terrorisme».
Le président Rohani et sa délégation n’ont pas assisté à la cérémonie de clôture pour protester contre ces mises en cause.
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