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Iran : le dossier nucléaire continue de faire des remous

Un an après la signature d’un accord «historique» sur le nucléaire entre l’Iran et les grandes puissances, le dossier fait toujours des remous. Téhéran qui accuse Washington de ne pas respecter ses engagements a déployé un système de défense russe autour du site de Fordo au centre du pays et une personne impliquée dans les négociations a été arrêtée pour «espionnage» puis libérée sous caution.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Le président iranien Hassan Rohani, en compagnie du ministre de la Dfense Hossein Dehghan, devant le système de défense anti-aérien iranien Bavar-373, présenté le 21 août 2016. Un système équivalent au S-300 russe livré à Téhéran et deployé pour la protection du site nucléaire de Fordo près de Qom. (HO/IRANIAN PRESIDENCY/AFP)

Depuis la prise de distance du Guide suprême iranien, Ali Khamenei, avec l’accord sur le nucléaire iranien, les signaux se sont multipliés à Téhéran attestant que la méfiance à l’égard de Washington demeurait intacte sur le dossier.

Téhéran accuse Washington de ne pas respecter ses engagements
Le 1er août 2016, l’Ayatollah Khamenei s’est en effet livré à une violente attaque contre les Etats-Unis. Furieux que les répercussions économiques ne se fassent toujours pas sentir, notamment sur le marché pétrolier, il a affirmé que cet accord avait «encore une fois montré la futilité des négociations avec les Américains (…) et la nécessité de ne pas leur faire confiance».
 
Une accusation reprise le lendemain par le président Rohani qui affirmait de son côté que les Etats-Unis avaient gâché l’occasion de l’accord nucléaire en ne respectant pas totalement leurs engagements.
 
Une fragilisation officielle de l’accord qui a débouché sur l’annonce, le 28 août 2016, du déploiement d’un système de défense anti-aérien dans le centre du pays pour la protection du site nucléaire de Fordo.

Un système de défense anti-aérien russe pour protéger un site nucléaire 
Localisé dans une montagne près de la ville de Qom, ce site a pourtant cessé théoriquement d’enrichir de l’uranium depuis l’entrée en vigueur de l’accord en janvier 2016. Mais ses 1.044 centrifugeuses ont été conservées à des fins de recherche.
 
Même si Téhéran a exhibé il y a quelque jours un nouveau système de défense anti-aérien Bavar 373, c’est très emblématiquement le système de défense russe S-300, livré par Moscou après la levée progressive des sanctions, qui a été installé.
 
Protéger les sites nucléaires est primordial «en toutes circonstances», a déclaré le général Farzad Esmaïli, commandant de la défense antiaérienne iranienne, indiquant qu’«aujourd’hui, le ciel d’Iran est un des plus sûrs de la région».
 
Auparavant, le guide suprême avait précisé: «Le système S-300 est un système de défense, pas d’attaque, mais les Américains ont fait de leur mieux pour que l’Iran ne l’obtienne pas», a encore ajouté Ali Khamenei, en pied de nez à Washington.
 
Ce retour en surface de l’accord nucléaire s’est accompagné d’une autre information étonnante des mois après sa signature. Un porte-parole de la justice iranienne a confirmé l’arrestation d’un «espion» impliqué dans les négociations avec les grandes puissances.

Arrestation pour espionnage d'une personne impliquée dans les négociations 
«Une action légale a été lancée contre lui et il a été libéré sous caution», a ajouté Gholamhossein Mohseni Ejeie, précisant que «l’accusation n’a pas encore été établie».
 
Selon les médias iraniens, un binational, identifié comme Abdolrasoul Dorri Esfahani, comptable expérimenté impliqué dans les aspects bancaires des discussions sur le nucléaire, avait été arrêté pour espionnage.  
 
Le procureur de Téhéran avait fait état le 16 août de l’arrestation d’une personne ayant la double nationalité iranienne et britannique pour ses liens avec les services de renseignements du Royaume-Uni.
 
Une grande confusion est toutefois entretenue autour de cette personne. Un député iranien cité par l’hebdomadaire Ramze Obour affirme que la personne arrêtée «a court-circuité l’équipe de négociation et donné des informations précieuses aux Etats-Unis», alors que l’agence officielle ISNA indique qu’il ne faisait partie ni de l’équipe de négociateurs ni du ministère des Affaires étrangères.

Le scientifique nucléaire iranien, Shahral Amiri accueilli par sa famille le 15 juillet 2010 à l'aéroport de Téhéran. Accusé d'espionnage au profit du grand Satan, il a été pendu le 3 août 2016. (ATTA KENARE/AFP)

Un scientifique iranien pendu pour «avoir révélé des informations top secrètes au grand Satan» 
Quoi qu’il en soit, Abdolrasoul Dorri Esfahani a de bonnes raisons de s’inquiéter. Le même porte-parole de la justice iranienne avait annoncé le 8 août l’exécution d’un scientifique nucléaire pour espionnage.
 
Shahram Amiri, 39 ans et chercheur de l’Organisation de l’énergie atomique iranienne, «a été pendu pour avoir révélé des informations top secrètes à l’ennemi américain, le Grand Satan», avait résumé Gholamhossein Mohseni Ejeie, mettant un point final à une affaire toujours pas éclaircie.

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