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En Iran, les rancunes politiques se règlent au moyen d’un jeu vidéo en ligne

Les chefs de l'opposition iranienne Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi et l'ex-président réformateur Mohammad Khatami sont la cible d'un jeu vidéo qui circule sur internet, ont rapporté mercredi 9 avril des médias iraniens.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
2004 : Mohammad Khatami (à gauche) avec son Premier ministre Mir Hossein Mousavi (à droite). (BEHROUZ MEHRI / FILES / AFP)

Dans ce jeu, une mauvaise adaptation du célèbre Doom, le joueur doit tirer au fusil sur des cibles représentées par les visages de Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, candidats réformateurs à la présidentielle de 2009 qui avaient contesté la réélection de Mahmoud Ahmadinejad, et de M.Khatami, président réformateur entre 1997 et 2005.

 
La création de ce jeu politico-sanglant est revendiquée sur leur site internet par des «jeunes fidèles à la Révolution islamique». Selon eux, les joueurs peuvent «affronter les symboles de la sédition», terme utilisé par les conservateurs pour désigner le mouvement de contestation qui avait suivi l'élection de juin 2009.
 
Mehdi Karoubi et Mir Hossein Moussavi avaient alors dénoncé des fraudes massives lors du scrutin et appelé leurs partisans à descendre dans la rue pour contester la victoire de M.Ahmadinejad. La répression du mouvement avait fait des dizaine de morts et plusieurs milliers de personnes avaient été emprisonnées.

Quant aux deux anciens candidats, ils sont en résidence surveillée depuis février 2011. 
 
«Les concepteurs n'ont pas demandé de licence», a cependant souligné Hossein Moazami, un responsable du service chargé de délivrer des autorisations pour les jeux vidéo, cité par le quotidien Arman, proche des réformateurs. Il a précisé que les autorités seraient saisies.
 
Malgré les résultats de la dernière présidentielle de 2013, qui a vu la victoire du modéré Hassan Rohani, les deux opposants de l’époque, MM Karoubi et Moussavi, sont toujours assignés à résidence. Alors candidat, le président élu avait pourtant affirmé pendant sa campagne la possibilité de libérer «ceux qui sont en résidence surveillée». Selon Le Monde, leur libération ne dépend que du guide suprême Ali Khamenei. 
 
Depuis l’élection de Rohani, cependant, leurs conditions de détention se sont légèrement améliorées. De quoi peut être énerver les créateurs de ce jeu… qui veut dire «damnation».
 

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