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Condamnation du cinéaste iranien Saeed Roustaee : "On veut faire taire la voix du jeune cinéma iranien", dénonce Thierry Frémaux

Le régime iranien a condamné le réalisateur Saeed Roustaee pour avoir projeté son film "Leïla et ses frères" au Festival de Cannes de 2022. "Aux yeux du gouvernement iranien, tous les artistes sont coupables dès lors qu'ils ont du succès à l'étranger", estime Thierry Frémaux, le délégué général du festival.
Article rédigé par franceinfo
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Publié Mis à jour
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Le réalisateur iranien Saeed Roustaee au Festival de Cannes, le 26 mai 2022. (CLEMENS BILAN / POOL / EPA POOL)

"On veut faire taire la voix du jeune cinéma iranien", dénonce jeudi 17 août sur France Culture Thierry Frémaux, délégué général du festival de Cannes, après la condamnation du cinéaste iranien Saeed Roustaee et de son producteur à six mois de prison pour la projection d'un de leurs films, Leïla et ses frères, sur la Croisette.

>> Le Festival de Cannes dénonce la condamnation du cinéaste iranien Saeed Roustaee pour son film "Leïla et ses frères"

"La première réaction a évidemment été de nous insurger contre ce processus qui aura pris plus d'une année. On savait que le film nous avait été présenté sans autorisation du gouvernement iranien. Saeed Roustaee avait pris le parti de nous l'envoyer sans en avoir l'autorisation, convaincu qu'il ne l'obtiendrait pas. Le film a été montré, avec beaucoup de succès, c'est un très beau film", raconte Thierry Frémaux.

Selon lui, "tout ce qui à l'échelle mondiale peut se manifester en faveur des artistes et protester contre l'attitude du gouvernement iranien a de l'effet en Iran". Il rappelle que le Festival de Cannes s'est élevé contre cette condamnation, que des artistes tels que Martin Scorsese ou des sociétés d'auteurs comme la SRF, également. "Il est important que les gens opprimés nous sentent à leurs côtés, et ils savent que nous sommes à leurs côtés", dit-il, évoquant "de la censure et de l'oppression, de la répression politique".

Le cinéma iranien est en péril selon Thierry Frémaux

Le film incriminé "n'est pas un pamphlet anti-gouvernemental, c'est un film d'auteur qui raconte la vie quotidienne d'une famille en Iran", affirme-t-il. "Aux yeux du gouvernement iranien, tous les artistes sont coupables dès lors qu'ils ont du succès à l'étranger", poursuit Thierry Frémaux, selon qui "cette condamnation arrive en catimini", au beau milieu de l'été.

Au-delà du cas de Saeed Roustaee et de son producteur, c'est le cinéma iranien qui est en péril selon lui : les autorisations d'oeuvres tournées en Iran ne sont même plus demandées car elles ne sont de toute manière plus accordées, "signe d'un durcissement du régime, dont on sait les effets par ailleurs sur les femmes, notamment".

"L'Iran est un extraordinaire pays de cinéma"

Il évoque l'exemple du film Critical Zone, du réalisateur Ali Ahmadzadeh, qui a été tourné clandestinement dans les rues de Téhéran et a remporté le Léopard d'or au Festival de Locarno. Ali Ahmadzadeh "n'a pas pu aller à Locarno montrer son film, recevoir son prix, car on lui a confisqué son passeport", rappelle le délégué général du festival de Cannes. "L'Iran est un extraordinaire pays de cinéma" et Saeed Roustaee "a une aura mondiale, c'est un artiste en devenir", conclut-il.

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