Portugal : le spectre du retour de l’austérité plane sur les élections législatives
Le Portugal va-t-il basculer à droite dimanche 10 mars lors des élections législatives ? Un scrutin anticipé est organisé après la démission du Premier ministre socialiste Antonio Costa, au pouvoir depuis huit ans. En tête des sondages : l'Alliance démocratique (AD), une alliance de centre droit qui n'a plus gouverné depuis 2015. Un dernier mandat de quatre ans, associé dans les esprits à une sévère période d'austérité.
Au bord de la faillite, le pays avait demandé 78 milliards d'euros d'aides au Fonds monétaire international (FMI), en contrepartie de restrictions budgétaires drastiques. Le souvenir est encore vivace pour beaucoup de retraités. "Ils ont coupé dans les retraites, supprimer notre 13e mois. Pour les pauvres, pour les travailleurs, pour les retraités, ça fait vraiment mal ce qu'ils ont fait", témoigne un couple rencontré lors d'une action du Parti socialiste à Porto.
"Il y a une génération qui n’a jamais oublié"
Si c'est bien l'Alliance démocratique qui a piloté la politique d'austérité, c'est le Parti socialiste qui, en 2011, a signé l'accord avec le FMI et l'Union européenne. "Les finances publiques étaient à sec, analyse Hugo Vilares, économiste à l’Université de Porto. Il y a eu des coupes même pour les retraites très basses, dès 650 euros par mois, avec en même temps des augmentations d'impôts qui ont aussi touché les retraités. Ça a été un choc très important à l’époque. Il y a une génération qui n’a jamais oublié."
Huit ans après, un grand débat existe toujours pour établir la responsabilité politique de ces restrictions budgétaires. "Par exemple, le leader du parti au pouvoir à l’époque admet aujourd’hui qu’il doit encore se réconcilier avec les retraités", explique Hugo Vilares.
L'alliance de centre droit promet de ne pas couper dans les retraites
Le leader actuel de l'Alliance démocratique, Luis Montenegro, tente de rassurer en promettant qu'il ne coupera pas dans les retraites et qu'il démissionnera s'il ne respecte pas sa parole. Pour convaincre encore que les temps ont changé, il propose un smic à 1 000 euros - contre 820 euros aujourd’hui - ou encore un rattrapage de salaire pour les enseignants, très touchés par la cure d’austérité à l'époque.
Autre enjeu de ce scrutin au Portugal : le score du parti d'extrême droite Chega, surfant sur un discours anticorruption et anti-immigration. Le parti pourrait rafler de nombreux sièges au Parlement selon les derniers sondages.
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