Plan gaz de la Commission européenne : "le scénario du pire, on y est déjà", estime un expert
Pour Nicolas Goldberg, expert dans le domaine de l'énergie, les mesures pour assurer l'approvisionnement de gaz dans l'Union européenne l'hiver prochain sont "intéressantes" mais existent déjà dans le droit français et "ne sont pas appliquées".
La Commission européenne a présenté mercredi 20 juillet son plan d'urgence pour assurer l'approvisionnement de gaz dans l'Union pour l'hiver prochain. Après avoir établi un scénario du pire dans lequel l'intégralité des livraisons de gaz russes à l'UE seraient coupées, la Commission propose aux 27 Etats membres de réduire de 15% leur consommation de gaz d'ici huit mois. Pour Nicolas Goldberg, expert énergie chez Colombus Consulting, ces mesures sont "intéressantes" mais existent déjà dans le droit français et "ne sont pas appliquées".
franceinfo : Est-ce que ces propositions vous semblent être à la hauteur de l'urgence, du scénario du pire imaginé par la Commission européenne ?
Nicolas Goldberg : Le scénario du pire il faut se réveiller : on y est déjà. Il y a déjà des pays qui n'ont plus accès au gaz russe : c'est le cas de la Pologne, de la France, de la Bulgarie. Il faut voir que le gaz est coupé progressivement pour faire progressivement monter les prix tout en diminuant les volumes. Il faut donc bien se préparer au pire.
"Ce plan de l'Union Européenne est intéressant, notamment sur les mesures de sobriété qu'il met en avant sur le chauffage, la climatisation et autres".
Nicolas Goldberg, expert énergie chez Colombus Consultingfranceinfo
Il faut bien voir que le problème, c'est que la Commission n'est pas compétente dans ce domaine-là, donc ça reste des propositions. Ce qui m'inquiète un peu, c'est que beaucoup de ces mesures sont déjà dans la loi en France : le chauffage des bâtiments à 19 degrés, la climatisation à 26 degrés et l'exctinction de l'éclairage des enseignes commerciales la nuit. Quiconque se balade dehors le soir ou rentre dans un bâtiment public ou un bâtiment tertiaire voit que ce n'est pas appliqué. Ces mesures sont intéressantes, encore faut-il qu'elles soient généralisées au niveau européen, ce sera déjà bien, et qu'elles soient appliquées dans les États membres qui les ont déjà mises dans leur loi comme en France.
Quelles autres solutions avons-nous ?
Il y a d'autres énergies qu'on peut mobiliser : l'Union européenne parle enfin de reporter les sorties de nucléaire et les arrêts de tranches nucléaires en Belgique et en Allemagne. Il faut bien voir qu'il y a 3 réacteurs nucléaires qui doivent être arrêtés en Allemagne cet hiver, donc au pire moment. Il y a aussi des énergies fossiles qui vont être mobilisées mais on voit bien qu'on manque de solutions et que tous les ressorts seront les bienvenus. On attend autre chose de la Commission européenne, c'est cette grille de lecture sur les industries essentielles et non essentielles, celles qui pourraient être coupées ou non. Un commissaire européen a pris l'image d'une usine de bonbons qui s'arrête temporairement et économise du gaz, ce ne serait pas très grave. En revanche, si des industries de la chimie ou de produits agroalimentaires plus essentiels s'arrêtent ça peut être plus embêtant. On voit que ce serait bien de préparer un plan de délestage organisé si toutes les mesures de sobriété et si tous les moyens de production mis en marche ne suffisent pas.
Quelle est la situation en France ?
Sur le gaz, en France, on n'est pas trop mal. Nos stockages sont remplis à plus de 70%, alors qu'on n'est même pas au mois d'août. Quand ils sont remplis, ces stockages nous permettent de couvrir environ un quart de notre consommation annuelle.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.