Cet article date de plus de deux ans.

Energies : que propose l'Union européenne pour passer l'hiver ?

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
La présidente de la Commission européenne, Ursula Van der Leyen, et le vice-président, Frans Timmermans, lors d'une conférence de presse, à Bruxelles, mercredi 20 juillet 2022.  (JOHN THYS / AFP)

Face à la possible fermeture totale du robinet de gaz russe, la Commission européenne a révélé un plan de d'économies d'énergie, que les Vingt-Sept vont devoir examiner.  

L'Union européenne n'aura peut-être bientôt plus de gaz russe, mais elle a des idées. A la lueur de la guerre en Ukraine, cette énergie fossile autrefois abondante et bon marché est devenue "une arme" brandie par Moscou pour affaiblir les Vingt-Sept, selon Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Alors que la perspective d'une rupture totale se dessine, Bruxelles a dressé une liste de mesures qui permettrait de réduire la consommation européenne de gaz.

>> INFOGRAPHIES. Visualisez la baisse des livraisons de gaz russe à l'Europe à travers les principaux gazoducs

Dans un plan d'économies d'énergie présenté mercredi 20 juillet, la Commission en appelle aux efforts de "tous les consommateurs, les administrations publiques, les foyers, les propriétaires de bâtiments publics, les fournisseurs d'énergie et le secteur de l'industrie". Ce plan sera au menu de discussions à Bruxelles, vendredi 22 juillet, avant d'être proposé à l'approbation des ministres de l'Energie de l'Union européenne, le 26 juillet. Voici ce qu'il faut en retenir.

Réduire de 15% la consommation de gaz

Bruxelles souhaite encadrer et coordonner la réduction de la demande en gaz au sein des Vingt-Sept via un nouveau règlement – un texte juridiquement contraignant adopté à la majorité qualifiée par le Conseil de l'Union européenne. Cet outil inscrirait dans le marbre un objectif de réduction de 15% de la consommation de gaz pour chaque pays membre, entre août 2022 et mars 2023, par rapport à la moyenne des cinq dernières années sur la même période. Les Etats devraient détailler d'ici fin septembre leur feuille de route pour y parvenir.

Si, en dépit des efforts volontaires, subsistait un "risque substantiel de grave pénurie ou de demande exceptionnellement élevée", Bruxelles propose d'activer un mécanisme d'alerte qui permettrait de fixer des "objectifs contraignants de réduction de la demande" pour les Vingt-Sept. Ce serait alors aux gouvernements de décider quelles industries mettre à la diète énergétique en cas d'urgence.

Pour s'assurer que tous les pays membres jouent le jeu, chacun d'entre eux devrait faire part tous les deux mois des réductions enregistrées au niveau national, précise la Commission européenne.

Limiter le chauffage et la climatisation 

Bruxelles demande aussi aux Etats d'adopter des mesures contraignantes pour limiter le chauffage et la climatisation dans les bâtiments publics et commerciaux, "là où c'est techniquement faisable". Ces seules mesures pourraient permettre d'économiser quelque 11 milliards de m3 de gaz, sur un objectif total de 45 milliards de m3, selon l'estimation annoncée par Ursula Von der Leyen. A titre de comparaison, la Russie avait fourni en 2020 quelque 153 milliards de m3 aux pays européens.

Certains pays ont déjà pris de l'avance sur ces mesures. Dès la fin du mois d'avril, l'Italie a annoncé qu'à compter du 1er mai, les écoles et les bâtiments publics ne pourraient pas recourir à la climatisation sous la barre des 27°C l'été, contre 26°C précédemment, ni au chauffage, sous la barre des 19°C, et ce sous peine d'une amende pouvant aller de 500 à 3 000 euros.

L'Espagne a pris des dispositions similaires dès la fin mai dans le cadre d'un "plan d’efficience énergétique", tout comme l'Allemagne, au mois de juin, mais sans introduire de notions de contraintes. De même, en France, ces limitations existent déjà dans les textes (un décret de 2007 ou encore un article du Code de l'énergie), sans que ne soit garanti leur respect.

Inciter les citoyens aux efforts 

L'Union européenne prévoit par ailleurs que ces efforts soient portés par les industries, de sorte que l'approvisionnement en gaz des "clients protégés", tels que les ménages, les services sociaux, les hôpitaux et PME (moins de 37% de la consommation totale de gaz), soit garanti. Coté incitations, Bruxelles entend encourager le recours aux sources alternatives pour le chauffage urbain ou encore aux pompes à chaleur chez les particuliers. Enfin, pour entraîner les ménages dans l'effort, Bruxelles compte sur des campagnes de communication demandant de baisser le thermostat d'1°C cet hiver. Une contribution citoyenne qui permettrait d'économiser "jusqu'à 10 milliards de m3 de gaz par an", selon la Commission européenne.

Diversifier les sources d'énergie

Bruxelles appelle aussi à diversifier les sources d'énergie. "La priorité doit être donnée aux énergies renouvelables, mais le passage au charbon, au pétrole ou au nucléaire peut être nécessaire à titre temporaire", reconnaît toutefois la Commission. Ainsi, de nombreux pays, tels que l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Autriche ou encore la France, ont annoncé ces derniers mois se laisser la possibilité de recourir à leurs centrales à charbon, pourtant très plus émettrices en gaz à effet de serre.

Pour les industriels, le texte rappelle l'existence de solutions alternatives au gaz (passage à la biomasse ou au biométhane, électrification de certaines machines...). Dans les secteurs ayant peu de marges de manœuvre pour se passer du gaz, comme la chimie qui l'utilise comme matière première, la Commission européenne rappelle qu'il serait "nettement moins coûteux" de réduire leur demande progressivement plutôt que d'attendre de subir une rupture brutale.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.