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Mort de David Sassoli : de la présentation du "20 heures" à la présidence du Parlement européen, retour sur le parcours d'un "leader"

L'Italien David Sassoli, président du Parlement européen depuis 2019 et l'un des plus anciens eurodéputés, est mort mardi à l'âge de 65 ans.   

Article rédigé par franceinfo
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Le président du Parlement européen, David Sassoli, assiste à une conférence de presse lors d'une session plénière au Parlement européen à Strasbourg, le 6 juillet 2021. (PATRICK HERTZOG / AFP)

D'une carrière de jounaliste sur la Rai à la tête du Parlement européen, le social-démocrate italien David Sassoli a marqué les esprits. Il est mort dans la nuit du lundi 10 au mardi 11 janvier à l'âge de 65 ans, alors qu'il était hospitalisé "en raison d'une complication grave due à un dysfonctionnement du système immunitaire", a précisé son porte-parole, Roberto Cuillo. Lundi après-midi, toutes les activités officielles du président de l'assemblée de Strasbourg, en poste depuis 2019, avaient été annulées. Franceinfo revient sur la carrière de ce journaliste, qui avait élu à l'unanimité président du Parlement européen. 

Il a été l'un des présentateurs vedettes de la Rai 

Né le 30 mai 1956 à Florence, en Toscane, David Sassoli choisit le journalisme après des études de sciences politiques. Après quelques collaborations avec des petits journaux et des agences de presse, il endosse la carrière de journaliste de télévision en intégrant la Rai, le groupe audiovisuel public italien, en 1992. Il devient alors l'un des présentateurs vedettes du journal de 20 heures sur la Rai Uno.

Il disait ne pas avoir "complètement abandonné (s)a carrière de journaliste" et collaborait encore avec divers quotidiens et revues en écrivant des tribunes. Il est également l'auteur, avec Francesco Saverio Romano, d'un livre sur les Conseils des ministres pendant l'enlèvement d'Aldo Moro au printemps 1978, publié en 2013. Cet ouvrage retrace l'incapacité des autorités de l'époque à sauver Aldo Moro, alors président du Conseil des ministres italien, enlevé puis assassiné par les Brigades rouges.

Son entrée en politique a été couronnée de succès

Un important tournant dans sa carrière se produit en 2009 : son entrée définitive en politique. A cette époque, l'ex-maire de Rome de gauche, Walter Veltroni, organise la fusion de deux grands partis de gauche et de centre gauche, qui donne naissance au Parti démocrate (PD), auquel David Sassoli se rallie. 

Alors candidat aux élections européennes, le présentateur du "20 heures" est élu sur une liste du PD avec plus de 400 000 voix, un succès qui l'éloigne définitivement des écrans et qui lance sa carrière politique au coeur du Parlement européen. Devenu chef de la délégation du PD au sein de l'institution, David Sassoli tente une incursion sur la scène politique nationale en se présentant aux primaires du PD en vue de briguer le poste de maire de Rome en 2013, mais il est devancé par Ignazio Marino.

Il a consacré sa carrière politique à l'Europe

David Sassoli décide alors de pleinement se consacrer à sa carrière d'eurodéputé. Ce père de deux enfants est réélu député européen en 2014 et devient membre de la commission des transports et du tourisme. La même année, il brigue avec succès le mandat de vice-président du Parlement, en charge du budget et de la politique euro-méditerranéenne. Il revendiquait la paternité de "la plus importante réforme ferroviaire de l'Union européenne – la loi européenne Sassoli-Dijksma – qui a été adoptée en 2017 après trois années de négociations compliquées" sur l'ouverture à la concurrence des marchés nationaux de transport de passagers.

Réélu député européen en mai 2019, David Sassoli devient, à la surprise générale, président du Parlement européen en juillet de la même année, pour un mandat de de deux ans et demi. Sa nationalité, son parti – deuxième composante du groupe social-démocrate – et sa connaissance de l'institution, dont il a été l'un des vice-présidents pendant la précédente législature, ont fait de lui, à la dernière minute, l'homme de la situation.

A l'issue de tractations entre grandes forces politiques et gouvernements pour les présidences des trois institutions européennes, il est donc élu avec une majorité absolue et le soutien de la droite, qui avait obtenu la présidence de la Commission avec Ursula von der Leyen, et des libéraux-centristes, représentés au Conseil par Charles Michel.

En pleine pandémie, il a été un président solidaire

Discret, mais ferme dans sa tenue des débats dans l'hémicycle tant à Strasbourg qu'à Bruxelles, David Sassoli s'est beaucoup impliqué dans son mandat. Or ce dernier a été rapidement plombé par la crise sanitaire du Covid-19, qui a obligé le Parlement européen à travailler à distance. Mais l'attention portée à ses équipes, mises en télétravail, son sens de l'organisation (avec un système de vote à distance) et sa capacité à résister aux pressions françaises pour faire revenir les élus à Strasbourg, siège du Parlement, lui ont valu le respect de l'institution.

Faisant preuve de solidarité en pleine pandémie, David Sassoli a également marqué les esprits en mettant à disposition les locaux désertés du Parlement, tant à Strasbourg qu'à Bruxelles, permettant ainsi la préparation de repas pour les personnes dans le besoin, l'installation d'un centre de dépistage du Covid-19 ou encore la mise en place d'un refuge pour des femmes isolées.

Bon vivant, il avait une santé fragile  

La santé de cet homme, qui avait souffert par le passé d'une leucémie, était devenue fragile. Fumeur invétéré et bon vivant, il avait été hospitalisé dans un état sérieux en septembre dernier, en raison d'une pneumonie qui l'avait tenu éloigné du Parlement pendant plusieurs semaines. 

Le 26 décembre, il avait de nouveau été hospitalisé "en raison d'une complication grave due à un dysfonctionnement du système immunitaire", selon son porte-parole, Roberto Cuillo. 

Un homme unanimement salué

Peu de temps après l'annonce de sa mort, mardi, les hommages ont afflué. C'était "un homme bon, tenace et combatif", avec une "attention constante aux plus vulnérables", a relevé Roberto Cuillo, son porte-parole interrogé sur la chaîne de télévision Rai News 24. "C'était un vrai démocrate. Il croyait à la rencontre des différentes cultures", a-t-il ajouté.

De nombreux eurodéputés ont également exprimé leur émotion. "Je suis extrêmement triste. Son travail pour moderniser le Parlement de fond en comble était visionnaire et j'espère que nous pourrons achever les tâches qu'il avait entreprises" pour réformer l'institution, a ainsi réagi l'eurodéputée danoise Karen Melchior (Renew, libéraux). De son côté, l'eurodéputée maltaise Roberta Metsola, pressentie pour lui succéder lors de l'élection à mi-mandat, a dit avoir "le coeur brisé". Avant d'ajouter : "L'Europe a perdu un leader, j'ai perdu un ami, la démocratie a perdu un champion". 

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