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La collection érotique secrète qui fait rougir le Kremlin

Quelque 12 000 ouvrages coquins étaient jalousement gardés au neuvième étage de la bibliothèque Lénine, dans la capitale russe depuis les années 1920.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une salle de lecture de la bibliothèque d'Etat russe, à Moscou, le 13 septembre 2012. (SERGEY PONOMAREV / AP / SIPA)

C'était le "secret coquin de l'Union soviétique", écrit le Moscow Times (en anglais). Une collection riche de 12 000 dessins, gravures, romans, manuels érotiques et pornographiques, se cache dans la bibliothèque d'Etat russe, à Moscou, rapporte le journal, dans un article repéré par Big Browser. Un journaliste du Moscow Times a eu le privilège de la visiter et raconte son histoire, accompagnée d'une série de photos.

Le trésor pornographique de la spetskhran, cette réserve dont l'accès était interdit au public, se trouve au neuvième étage de la bibliothèque, en face du Kremlin. C'est là que les œuvres jugées "idéologiquement dangereuses", sont conservées. Parmi elles, le journaliste découvre aussi bien "des gravures japonaises du XVIIIe siècle que des romans à l'eau de rose américains de l'ère Nixon", ou des "manuels de sexualité destinés aux femmes". Des ouvrages cachés au grand public, mais dont les gradés du régime soviétique avaient le droit de profiter.

Le marquis de Sade, star de la salle de lecture

L'histoire de cette collection particulière débute dans les années 1920, quand les Bolchéviks transforment un ancien musée en bibliothèque nationale : la bibliothèque Lénine. Très vite, l'institution accueille les ouvrages jugés subversifs et confisqués, notamment aux aristocrates. Ses étagères se remplissent davantage grâce à Nikolai Skorodumov, un temps directeur de la bibliothèque de l'université d'Etat de Moscou. Protégé par la police stalinienne, il avait accumulé dessins et livres érotiques en toute tranquillité. Un trésor saisi par les services secrets à sa mort, en 1947.

Même la bibliothécaire, qui guide le journaliste dans les rayonnages, engagée dans les années 1980, n'a eu connaissance de ce cabinet secret que dans la décennie suivante. Depuis, le secret est plus ou moins levé, mais l'étage reste fermé au public. Certaines œuvres sont consultables en salle de lecture, comme les textes du marquis de Sade, très populaires, selon l'employée. D'autres ne sont toujours pas inscrites dans les registres de l'établissement. Mais elles sont "incroyablement bien préservées".

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