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Trente ans après Tchernobyl, quelles sont les régions françaises contaminées ?

Deux laboratoires analysent depuis des années les sols de plusieurs régions françaises pour mesurer leur concentration en césium 137, un résidu radioactif. 

Article rédigé par Kocila Makdeche
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Dans le parc national du Mercantour (Alpes-Maritimes), le taux de césium 137, un élément radioactif, est particulièrement élevé. (ROBERT VALARCHER / AFP)

Trente ans après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, l'Ukraine garde des séquelles. Mais qu'en est-il de la France ? Plusieurs organismes se sont penchés sur la contamination des sols français, due au nuage radioactif qui a survolé l'Europe en 1986.

L'Association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest (Acro) et la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) – deux laboratoires indépendants agréés par l'Autorité de sûreté nucléaire – ont prélevé des échantillons dans plusieurs départements français. L'Acro s'est principalement intéressée aux fruits, légumes et champignons, tandis que la Criirad a analysé les résidus radioactifs présents dans le sol. "L'ensemble des échantillons de sol analysés en France comme en Europe présente une contamination par le césium 137", précise l'Acro. Francetv info fait le point sur les régions françaises les plus touchées. 

Des taux de contamination des sols élevés en Alsace et en Rhône-Alpes

La Criirad a mené en 2014 et en 2015 des campagnes de carottage en Alsace et en Rhône-Alpes. L'opération consiste à prélever un échantillon de terre grâce à un tube que l'on enfonce dans le sol. Les analyses ont montré que le césium 137, principale source de radioactivité des déchets de réacteurs nucléaires, "est toujours présent dans la couche superficielle des sols", explique le laboratoire. 

"Les niveaux de contamination en césium 137 restent supérieurs à 10 000 becquerels par mètre carré sur de nombreux sites du tiers est de la France, par exemple à Breitenbach (Haut-Rhin), Saint-Clair-du-Rhône et Péage-de-Roussillon (Isère) ou Vassieux-en-Vercors (Drôme)", continue l'organisme dans un communiqué. Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire et directeur du laboratoire de la Criirad, rappelle que "le niveau normal est de 0 becquerel par mètre carré de césium 137".

Ce césium se retrouve ensuite dans les aliments, comme les baies, les champignons et le gibier. "L'étude que l'on vient de faire sur les champignons en Rhône-Alpes montre que 95% des espèces contrôlées contiennent du césium 137 radioactif, explique Bruno Chareyron à France 3Pour les gros consommateurs de certains de ces champignons, (...) on a une dose de radiations qui n'est pas négligeable."


De forts taux de Cesium 137 encore présents en Rhône-Alpes

La région Provence-Alpes-Côte d'Azur aussi touchée

Les laboratoires ne disposent pas d'échantillons prélevés sur tout le territoire et ne peuvent donc pas proposer de cartographie exhaustive de la radioactivité en France. Pour obtenir le plus de données possibles, l'Acro a collecté des échantillons réalisés par une centaine de "préleveurs volontaires".

Les résultats des analyses (page 37 du rapport) montrent que le taux de césium 137 est aussi très important en Provence-Alpes-Côte d'Azur, comparé à des régions de l'Ouest comme la Normandie. Attention : ici, les taux sont donnés en becquerels/kg et non en becquerels/m2 comme les analyses du sol en Rhône-Alpes et en Alsace menées par la Criirad.

Captures d'écran du rapport de l'ACRO, montrant les résultats des analyses des prèlevements en Normandie et en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Les cadres rouges indiquent la concentration en Césium 137. (ACRO / FRANCETV INFO)

Les taux les plus importants sont observés en montagne

Les taux de césium 137 sont les plus importants en montagne, comme le montrent les résultats d'analyses compilés par les deux laboratoires. "Les zones de dépôts préférentiels ont été les massifs montagneux, car c’est là que les précipitations sont généralement les plus importantes", explique l'Acro dans son communiqué. "On mesure jusqu’à 68 000 becquerels par kg dans les sols des Alpes", ajoute l'association.

"En montagne, on observe la formation de 'points chauds' créés par le ruissellement lors de la fonte des neiges, continue le document. Les éléments radioactifs (contenus dans la neige) se sont alors accumulés sur un espace réduit, entraînant des concentrations très importantes de radioactivité dans le sol." L'année dernière, la Criirad avait déjà donné l'alerte sur les résidus radioactifs retrouvés dans la région montagneuse du Mercantour (Alpes-Maritimes).

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