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Suisse : la centrale nucléaire de Mühleberg débranchée en 2019

La centrale nucléaire de Mühleberg doit cesser son activité en 2019. La société exploitante BKW estime trop élevé le coût des investissements nécessaires à l'exploitation du site, vieux de 41 ans. Après l’accident nucléaire de Fukushima, en mars 2011, la Suisse avait décidé d’abandonner progressivement l’énergie nucléaire.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La centrale de Beznau, près de Doettingen, en Suisse. (FABRICE COFFRINI / AFP)

La centrale de nucléaire de Mühleberg (CNM) est l’une des cinq centrales nucléaires helvétiques. Elle est située au cœur d’une région très habitée du Plateau suisse, à 14 km de Berne. Sa mise en service remonte au 6 novembre 1972, ce qui en fait la 3e plus ancienne installation nucléaire derrière celles de Beznau I et II, mises en activités en 1969 et 1971.

«Après avoir analysé différents scénarios», la société exploitante BKW a indiqué, le 30 octobre 2013, avoir «décidé de poursuivre l'exploitation de la CNM dans le respect des exigences actuelles en matière de sûreté jusqu'en 2019, date à laquelle elle sera définitivement déconnectée du réseau.»

Raisons économiques
Le communiqué de BKW précise qu'«investir dans l'exploitation des centrales à long terme occasionne des coûts importants. L'amortissement de cette exploitation est trop incertain étant donné les conditions économique, de réglementation et politique.»

Au total, les investissements de BKW pour l'exploitation et la maintenance de la centrale s'élèveront à près de 200 millions de francs suisses (162 millions d'euros), dont 15 millions pour des mesures de rééquipement extraordinaires. Ces mesures concernent notamment l'optimisation du système d'alimentation en eau de refroidissement, et du dispositif de refroidissement de la piscine de désactivation des combustibles usagés.

Le manteau du réacteur fissuré
La centrale de Mühleberg est fortement contestée en Suisse en raison de son état général. De nombreux dysfonctionnements ont été mis en évidence ces dernières années : fissures dans le manteau du réacteur, exposition trop élevée aux risques sismiques et d’inondations ou encore insuffisance des moyens de refroidissement.


Depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima, les pressions se sont accrues pour demander sa fermeture. Et pas seulement en Suisse. En 2012, la région autrichienne du Vorarlberg avait ainsi porté plainte pour négligence auprès de la Confédération helvétique afin d’exiger la fermeture de Mühleberg, selon le site swissinfo.ch.

En février 2012, une initiative cantonale déposée par des citoyens suisses, «Mühelberg à l’arrêt», réclamait que le canton de Berne, actionnaire majoritaire des Forces motrices bernoises, procède à l'arrêt immédiat de la centrale.

En Suisse, où environ 40% de l'énergie provient du nucléaire, le gouvernement a abandonné la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. Mais c'est la première fois que la date de fermeture d'une centrale du parc existant est connue. Un «pas en avant» pour le Parti socialiste qui considère toutefois que 2019 reste une date trop tardive. Les Verts estiment quant à eux que c'est une étape en direction de la sortie du nucléaire, mais auraient préféré un arrêt immédiat de la centrale.

Divergences en Europe 
Les positions sur le nucléaire divergent en Europe : l'Italie a renoncé à ses projets en matière de nucléaire par référendum en 1988 et l'Allemagne entend sortir du nucléaire à l'horizon 2020. En revanche, la Grande-Bretagne vient de trouver un accord avec EDF pour construire une centrale nucléaire à Hinkley Point C, dans le Somerset (sud-ouest). Quant à la France, pays qui posède le plus de centrales nucléaires, elle entend réduire la part de l'atome dans la production d'électricité de 75% à 50%.

Les cinq centrales nucléaires helvétiques sont toutes censées arrêter leur exploitation à moyen terme : la Suisse a décidé suite à l'accident de Fukushima, de sortir du nucléaire, au plus tard en 2034. En théorie...

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