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Russie : un score soviétique pour Poutine ?

L'élection de Vladimir Poutine pour un troisième mandat à la tête de la Fédération de Russie ne fait guère de doute. La seule inconnue réside dans le score qu'il obtiendra.
Article rédigé par Pierre Breteau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Franceinfo (Franceinfo)

Plus de 60% pour un ancien directeur du KGB, c'est ce vers quoi les sondages

penchent pour la présidentielle qui s'ouvre aujourd'hui en Russie. Vladimir Poutine est

largement donné gagnant, peut-être même dès le premier tour. Jusqu'au dernier moment,

l'opposition a tout fait pour mobiliser les citoyens et provoquer un second tour, mais il est

peu probable que le toujours Premier ministre recueille moins de la moitié des

votes.

En décembre dernier pour les élections législatives russes, les partisans du parti de Poutine

— Russie Unie  — avaient été pris la main dans le sac en train de "bourrer les

urnes". La commission électorale avait installé des bureaux de vote provisoires dans des

gares ou des stations touristiques, ce qui a facilité le recours à la fraude. Parmi la plus prisée : la technique du carrousel. Selon les observateurs et l'opposition, le parti au pouvoir

avait payé des électeurs pour aller voter dans plusieurs bureaux, les

"promenant" même en bus dans les grandes villes.

Vladimir Poutine sûr de lui

La classe moyenne tend à se rapprocher de l'opposition, mais le chef du Kremlin s'estime

soutenu par le plus grand nombre 

"Vous considérez que [dans les grandes villes] la majorité de la population est contre
moi ? J'y ai simplement moins de partisans, mais [ceux-ci] sont tout de même la
majorité."

Dans un entretien accordé à plusieurs grands quotidiens occidentaux (dont nos confrères du

Monde), Vladimir Poutine s'est montré cynique à l'endroit de l'opposition et des classes

moyennes qui ont prospéré sous son "règne" :

"Elle a plus de revendications en termes d'injustice, de corruption, d'arbitraire. Je peux le
comprendre et je partage cette inquiétude, le pouvoir doit être plus efficace."

L'opposition muselée

À l'exception de Guennadi Ziouganov, candidat du Parti communiste russe crédité de 15% dans les sondages, les opposants

n'ont soit pas la parole, soit n'ont pas pu se présenter à l'élection. Selon ces partis (des

libéraux à l'extrême-gauche) : 

"Le pouvoir s'est distingué par l'abondance des tentatives
de dénigrement, visant tant l'opposition que les candidats à la présidentielle."

Poutine

accuse ses opposants "d'être au service de l'Occident" . Il ajoute que "débattre sur fond de promesses populistes [de l'opposition] ne me paraît pas intéressant. Ce n'est pas le débat qui compte, c'est le résultat" .

Selon l'association Golos (ГОЛОС),

qui milite pour la transparence des élections, les risques de fraude sont très grands. Elle a

d'ailleurs mis en place [une carte

interactive des irrégularités](http://www.kartanarusheniy.org/), comme elle l'avait fait pour les législatives de décembre

dernier.

Depuis ce matin 8h, 109 millions d'électeurs sont appelés à voter dans 90.000 bureaux

de vote. Ils choisiront leur président pour les sept prochaines années. Le Premier

ministreVladimir Poutine a d'ores annoncé que s'il était élu, il se livrerait à un jeu de chaises

musicales avec l'actuel président, Dimitri Medvedev. Les premiers résultats devraient être

connus ce soir vers 21h, heure de Moscou (18h à Paris).

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