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Qui est Antonio Tajani, fidèle de Berlusconi et nouveau président du Parlement européen ?

L'eurodéputé italien a été élu mardi, à Strasbourg, à la présidence du Parlement européen, avec 351 voix contre 282 pour le socialiste Gianni Pittella.

Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
L'Italien Antonio Tajani tient une conférence de presse après avoir été élu président du Parlement européen à Strasbourg (Bas-Rhin), le 18 janvier 2017. (MUSTAFA YALCIN / ANADOLU AGENCY / AFP)

Passage à droite. A Strasbourg, l'eurodéputé italien Antonio Tajani a été élu mardi 17 janvier président du Parlement européen avec 351 voix contre 282 pour le socialiste italien Gianni Pittella. Qui est ce conservateur, qui succède au social-démocrate allemand Martin Schulz à la tête du Parlement de l'UE ?

Un fidèle de Silvio Berlusconi 

Diplômé de droit, cet ex-officier de l'armée de l'air italienne, selon son CV publié sur le site du Parlement européen, s'est lancé dans le journalisme à la fin des années 1980. Après un passage à la Rai (la télé publique italienne) puis au quotidien Il Giornale, Antonio Tajani a participé à la fondation du parti Forza Italia de Silvio Berlusconi. Il s'est fait élire eurodéputé en 1994 après avoir été porte-parole du milliardaire italien, dont il est proche.

Il est en effet considéré comme l'ombre de l'ancien président du Conseil italien, aussi bien à Bruxelles qu'au sein du Parti populaire européen (PPE, qui regroupe les partis de droite au Parlement européen). "Homme de contact, il respecte à la lettre les consignes du Cavaliere : costume sobre, cravate discrète et poignée de main ferme", selon Libération.

Un ex-commissaire européen critiqué après le "DieselGate"

Vice-président du Parlement européen depuis 2012, Antonio Tajani a fait son chemin dans les institutions européennes. Sous les présidences de José Manuel Barroso à la Commission européenne (2004-2014), il fut vice-président en charge des Transports entre 2008 et 2010, puis de l’Industrie et de l’Entreprise de 2010 à 2014.

A ce dernier poste et alors qu'il était en charge de la réglementation, il aurait été averti dès 2012 de la manipulation de tests d’émissions de gaz à effet de serre par Volkswagen. Le scandale a éclaté en 2015 sous le nom de Dieselgate.

Non seulement Antonio Tajani n'a rien fait, relève le site Euractiv, mais, "le 26 novembre 2015, il a posté les coordonnées du cadre qui l’aurait informé de l’existence du logiciel de fraude sur Twitter. Il a ainsi rendu public le fait que le fournisseur en question avait accusé un de ses clients, Volkswagen, de tricher aux tests d’émissions". L'objectif était de contraindre le cadre en question, par cette mauvaise publicité, à "assurer publiquement ne l’avoir jamais informé des manipulations des tests".

Un élu opposé à l'avancée des droits des femmes

Autre reproche fait à Antonio Tajani : ses positions rétrogrades sur les droits des femmes. Dans un communiqué virulent publié le 15 décembre 2016, l'eurodéputée socialiste belge Marie Arena l'interpellait ainsi : "M.Tajani, un président du Parlement européen peut-il être aussi ouvertement opposé à l'égalité des sexes que vous l'êtes ?"

Et de détailler : "L’état de service de M. Tajani en matière de vote dans ce Parlement témoigne d’un rejet conséquent d’une valeur fondamentale de l’UE, l’égalité entre les femmes et les hommes. En effet, M. Tajani a voté contre la Stratégie de l’UE 2015-2020 pour l’égalité des sexes, préférant priver de soutien la moitié des citoyens de l’UE. Il s‘est aussi constamment opposé aux droits des femmes, à l’avortement." L'élu conservateur, précisait-elle, fait partie des signataires de la plateforme "Un de nous", qui milite contre l'IVG et pour une vision traditionaliste de la famille.

Preuve que l'attaque a porté, Antonio Tajani, souligne La Libre Belgique, "a promis une stricte égalité hommes-femmes au sein de son futur cabinet, qu’il veut restreint".

Un président  "au service de tous les députés"

Quel président sera-t-il, après le très interventionniste Martin Schulz ? Communicatif, ce polyglotte cajolé par les journalistes européens parle français, anglais et espagnol. Il a promis de mettre son "expérience de vingt-trois ans" au service d'un Parlement qu'il connaît comme sa poche. "Il a gagné parce qu'il a toujours été loyal et parce que chaque élu le connaît personnellement", a expliqué à l'AFP l'eurodéputé conservateur allemand Andreas Schwab. "On peut compter sur lui, il tient parole", renchérit un autre parlementaire allemand du même bord, Markus Ferber.

Antonio Tajani s'est d'ailleurs engagé à être "le président de tous". "Je respecterai tous les groupes, vous pourrez compter sur ma totale disponibilité", a-t-il assuré en s'adressant à ses 750 collègues. "Ce qui, particulièrement à gauche, en a fait grimacer certains, persuadés qu’il s’agit d’une concession aux forces europhobes de l’assemblée", décrypte La Libre Belgique.

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