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Pourquoi la visite de Manuel Valls à Berlin s'annonce périlleuse

Le Premier ministre français rencontre Angela Merkel pour la convaincre de sa détermination à poursuivre les réformes et tenter d'influer sur la politique budgétaire de l'Allemagne. 

Article rédigé par Simon Gourmellet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre, Manuel Valls, le 12 septembre 2014 à Paris.  (MARTIN BUREAU / AFP)

Exercice délicat pour Manuel Valls. Le Premier ministre rencontre Angela Merkel, lundi 22 septembre, à Berlin (Allemagne). Objectif pour le Premier ministre : convaincre la chancelière conservatrice de sa détermination à poursuivre les réformes, malgré un sérieux dérapage budgétaire, et tenter d'obtenir des accommodements avec la rigueur en Europe. Francetv info vous explique pourquoi cette mission ne sera pas de tout repos.

Parce qu'il doit convaincre du travail accompli

Le Premier ministre a confié se rendre à Berlin avec un état d'esprit "positif" et avec la volonté de détailler les réformes prévues par le gouvernement français, comme l'assouplissement des seuils sociaux ou l'ouverture des magasins le dimanche. Il veut ainsi rassurer le premier partenaire de la France en Europe. 

Autre gage de bonne volonté, le Premier ministre se présente à Berlin à la tête d'un nouveau gouvernement dans lequel ne figure plus Arnaud Montebourg, qui ne cessait d'interpeller et de critiquer l'Allemagne sur sa politique d'austérité

Parce qu'il veut obtenir le report des objectifs de déficit

Mais Manuel Valls arrive en position de faiblesse : après une rentrée de crise politique qui a affaibli l'exécutif, la France vient une nouvelle fois de repousser, à 2017 cette fois, son retour sous la barre des 3% de déficit public. Le Premier ministre espère obtenir le soutien de Berlin pour obtenir un délai et ne pas être sanctionné par la Commission européenne.

L'Allemagne, quant à elle, fait figure de bonne élève, puisque pour la première fois depuis 1969, son budget sera à l'équilibre en 2015. Une "fierté" pour la chancelière, qui a réclamé aux Européens de respecter "enfin" les règles qu'ils se sont fixées. "Le financement de l'économie à crédit doit enfin cesser, a martelé Angela Merkel début septembre. Tenir nos promesses doit enfin devenir la marque de fabrique de la zone euro."

Selon Les Echos, la chancelière risque de botter en touche en rappelant à son interlocuteur que la décision d'accorder un délai supplémentaire appartient à la Commission, et notamment au tout nouveau commissaire à l'Economie, Pierre Moscovici.

Parce qu'il souhaite que Berlin contribue à la croissance

C'est la partie la plus périlleuse de cette mission en Allemagne. Arnaud Montebourg parti, Manuel Valls a repris des éléments de langage de son ancien ministre de l'Economie pour que l'Allemagne réoriente sa politique économique. En échange de ses réformes, la France veut que Berlin se mouille, relâche les cordons de la politique budgétaire, lance un plan de relance de la demande dont toute l'Europe, la France en tête, pourrait bénéficier. "L'Allemagne est une grande nation que nous respectons" mais "notre message doit être entendu. L'Allemagne doit assumer ses responsabilités", avait lancé le Premier ministre lors de sa seconde déclaration de politique générale

La mission semble impossible. Le budget fédéral 2015 est bouclé et le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, ne renoncera pas à son objectif d'un budget équilibré pour les cinq prochaines années pour faire plaisir à Manuel Valls. Berlin veut absolument réduire sa dette publique avant le choc démographique - davantage de retraités que d'actifs - prévu dans les années 2020.

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