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Mouna Viprey : «L'immigration n'est pas héréditaire»
Depuis son plus jeune âge, Mouna Viprey savait. Elle savait qu'un jour elle partirait en France, quitterait son Maroc natal et embrasserait cette autre culture, omniprésente dans sa famille depuis des générations.
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Elle «ne mène pas de combats si elle ne peut les gagner» et depuis un an a cessé de travailler pour se consacrer aux élections municipales dans sa ville de Montreuil, en Seine-Saint-Denis.
Née à Fès en 1968, arrivée en France pour y suivre des études supérieures, elle y rencontrera celui qui est aujourd'hui son mari et avec lequel elle a deux enfants.
Si le soleil lui manque «plus que tout», une certaine nostalgie teinte chacun de ses mots lorsqu'elle parle de sa terre natale. La proximité de sa famille, de ses voisins et amis, la douceur du climat et quelques différences dans la manière de vivre au quotidien doivent certainement, parfois, lui faire douter de ce «choix» concrétisé un jour d'août 1986.
Mouna Viprey est arrivée à Montreuil au tout début des années 2000. Chercheuse en sciences économiques, docteur dans la même matière, publiée à de nombreuses reprises, membre du Conseil économique et social entre 2000 et 2002 (chargée de la discrimination), Mouna Viprey a été élue (première adjointe) sur la liste de Dominique Voynet en 2008.
Alors membre du Parti socialiste, elle n'accepte pas les consignes du bureau national et s'allie avec l'ancienne ministre de l'Environnement. Avec d'autres, elle sera alors exclue du PS. En 2010, elle quitte le conseil municipal, estimant que les promesses de campagne n'ont pas été tenues.
La politique «est un monde d'hommes, cadres sup', blancs, 60 ans et plus» et la jeune femme a conscience de dénoter: «Il a fallu une loi pour nous imposer, c'est quand même suréaliste !» Alors, le regard de ses collègues hommes et femmes politiques lui importe peu. Elle affiche des ambitions modestes et ne brigue que la «reconnaissance du terrain, de ces gens que nous connaissons.»
La discrimation a toujours été sa «marotte». Et elle rappelle qu'elle n'a jamais cessé de considérer que la couleur de la peau ne doit pas être un facteur de discrimation. «L'immigration n'est pas héréditaire. Je suis une immigrée, par définition, au sens juridique, mais en revanche mes enfants le sont-ils ? Je ne le pense pas. On renvoie aux origines à cause d'une couleur de peau qui différencie... Il faut lutter contre ça, se bagarrer.»
Aussi, regrette-t-elle les combats menés hier, «ensemble, à droite et à gauche», contre l'extrême-droite et, aujourd'hui, la banalisation de ses idées.
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