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Naufrage de migrants dans la Manche : un enjeu politique pour le gouvernement britannique

La fin de semaine dernière a été l’une des plus chargées sur le plan des arrivées de "small boats", ces embarcations de fortune utilisées par certains migrants pour traverser la Manche. De quoi mettre à mal la politique migratoire du Royaume-Uni.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des migrants secourus par la Royal National Lifeboat Institution dans la Manche, samedi 12 août 2023. (STUART BROCK / AFP)

Six personnes sont mortes samedi 12 août dans la Manche, en tentant de gagner les côtes anglaises. Depuis la semaine dernière, les tentatives de traversée de migrants à bord de small boats depuis le littoral nord de la France vers le Royaume-Uni se sont multipliées, encouragées par des conditions climatiques clémentes. Jeudi 10 août, Londres a même recensé un record journalier de 755 arrivées sur les côtes britanniques. Pourtant, l’une de ses grandes priorités du gouvernement britannique est de faire baisser ce nombre, et la semaine dernière devait servir à montrer l’efficacité de la politique migratoire.

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Il y a eu cette annonce d’un plan pour envoyer les demandeurs d’asile sur une île du Pacifique, au cas où la justice rejetterait le partenariat migratoire de sous-traitance avec le Rwanda. Et surtout, l’emménagement des premiers migrants sur la barge-caserne Bibby Stockholm. Un bateau au confort rudimentaire qui doit permettre d’économiser sur les factures d’hôtels : le gouvernement de Rishi Sunak rappelle quotidiennement que le contribuable britannique dépense 7 millions d’euros par jour pour loger les demandeurs d’asile. Leur arrivée a été plusieurs fois repoussée, jusqu'à lundi dernier.  

Record d'arrivées en une semaine

La semaine dernière devait donc vraiment permettre de mettre en lumière toute la stratégie de dissuasion du gouvernement vis-à-vis des candidats à l’asile. Au final, cela a été une semaine "horribilis". En chiffres, d'abord : plus de 1 600 personnes sont arrivées par la Manche la semaine dernière, plus que sur n’importe quelle autre semaine de 2023, alors que 2022 a déjà été marquée par un triste record, avec 45 000 arrivées en un an.

Symboliquement ensuite, puisqu'un cadre du parti conservateur au pouvoir a invité les migrants à "foutre le camp en France" s’ils n’étaient pas contents de leurs conditions de vie au Royaume-Uni. Vendredi, la barge-caserne Bibby Stockholm a dû être évacuée car les autorités n’avaient pas attendu le résultat des analyses sanitaires, qui ont montré la présence de légionnelle à bord. De quoi nourrir les critiques des associations qui accusent l’État de traitements inhumains. 

Un gouvernement silencieux 

La ministre de l’Intérieur Suella Braverman a adressé ses condoléances aux familles des six personnes noyées dans la Manche ce week-end, mais sur le reste, c'est silence complet. L’opposition appelle cette dernière à la démission. Quant au Premier ministre Rishi Sunak, il doit rentrer dans la semaine de ses vacances à l’étranger. Les ministres restés à Londres rejettent la responsabilité, sur la France, sur les autorités locales, mais l’opposition, les conservateurs et les ONG réclament des explications.

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