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Migrants : comment les Britanniques comptent mettre un frein aux traversées de la Manche

Le Royaume-Uni souhaite durcir son système d'asile. Un projet de loi prévoit notamment de créer une "sous-classe" de demandeurs d'asile et de condamner les passeurs à la prison à perpétuité.

Article rédigé par Richard Place
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Des migrants aidés par un bateau de sauvetage britannique, le 24 novembre 2021. (BEN STANSALL / AFP)

Il y a "urgence" à accroître leurs efforts communs : mercredi 24 novembre, Boris Johnson et Emmanuel Macron sont convenus d'"intensifier leurs efforts" afin de lutter contre les traversées mortelles de la Manche par des migrants souhaitant rejoindre l'Angleterre depuis la France, après le naufrage qui a fait 27 morts dans la Manche.

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Le président français a fait savoir au Premier ministre britannique "qu'il attendait des Britanniques qu'ils coopèrent pleinement et qu'ils s'abstiennent d'instrumentaliser une situation dramatique à des fins politiques", a indiqué l'Elysée jeudi 25 novembre. Au 20 novembre, 31 500 migrants avaient quitté les côtes depuis le début de l'année et 7 800 migrants avaient été sauvés. Selon Londres, plus de 25 000 migrants ont réussi la traversée sur les dix premiers mois de l'année. Régulièrement, Boris Johnson fait des annonces mais qu'en est-il des outils pour empêcher ces traversées outre-Manche ?

Des réfugiés de "seconde catégorie"

Le gouvernement britannique prépare une réforme du système d'asile. Ce projet, défendu par la ministre de l'Intérieur Priti Patel, permet notamment de condamner des passeurs à la prison à perpétuité, alors que la peine maximale actuellement encourue et de 14 ans. Cette loi crée également un statut d'immigré de "seconde catégorie", ceux qui arrivent illégalement mais qu'il est impossible de renvoyer chez eux parce que leur sécurité n'y est pas assurée. Et puisqu'ils ont choisi la voie clandestine, selon cette loi, ces réfugiés n'auront que très peu de droits sur le sol britannique. Cet arsenal est destiné à dissuader les candidats à la traversée.

La ministre de l'Intérieur britannique a aussi des projets plus concrets pour la Manche. Le 9 septembre, Priti Patel a menacé de renvoyer certaines embarcations vers la France. Dans les faits, ce sont des agents en jet-ski censés raccompagner des embarcations remplies de migrants vers leur point de départ, le littoral français.

Dans les faits, ça ne s'est jamais produit. Très opportunément, après cette annonce, des jet-skis ont été aperçus en train de s'entraîner au large de Douvres. Mais c'est très compliqué à mettre en place et périlleux pour l'embarcation concernée. Et cela pose un sérieux problème en terme de droit maritime et de droit international.

L'obtention de la nationalité plus restrictive 

Une fois sur le sol britannique, les migrants doivent demander l'asile. Pour l'obtenir, il faut justifier d'un risque pour sa vie dans son pays d'origine. Si la demande est acceptée, la personne concernée peut rester au Royaume-Uni avec ses enfants et sa femme ou son mari. Au bout de cinq ans, elle pourra réclamer la nationalité britannique, ce qu'un projet de loi veut remettre en cause. Priti Patel veut créer des citoyens de seconde zone, en quelque sorte, pour éviter l'appel d'air, rendre la Grande-Bretagne moins attrayante pour cette immigration subie.

Si la demande d'asile est rejetée, la personne peut être expulsée. Mais où ? Le Brexit complique la situation. Dans l'Union européenne, le clandestin est renvoyé vers le pays de la zone par lequel il est entré. Le Royaume-Uni a quitté l'Europe et donc quitté cet accord. Depuis le début de l'année, cinq migrants seulement ont été renvoyés vers le continent.

Et puis il y a des réfugiés qui mènent une vie dans l'ombre. On estime qu'ils sont environ un million de personnes. La société britannique est très communautarisée. À Londres, Birmingham ou Manchester, des quartiers entiers sont peuplés de Soudanais, d'Irakiens, d'Albanais… Parmi eux, il y a des sans papiers qui ne parlent pas forcément anglais, travaillent au noir et n'ont aucune existence légale. Une vie de misère avec la crainte permanente d'un contrôle d'identité.

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