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Migrants à Calais, mort de Rémi Fraisse, surveillance des jihadistes : Bernard Cazeneuve dresse son bilan

Le ministre de l'Intérieur annonce également l'élargissement des possibilités de recours à la légitime défense pour les policiers d'ici le premier semestre 2016.

Article rédigé par franceinfo
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Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, quitte l'Elysée à Paris après un conseil de défense le 5 novembre 2015. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Six pages. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, accorde un très long entretien à Libération jeudi 12 novembre. Le locataire de la Place Beauvau revient longuement sur la crise des migrants, notamment à Calais, sur les départs de jeunes Français en Syrie, et sur les conditions dans lesquelles les policiers doivent exercer leur métier. Voici les principaux points à retenir de cette interview-fleuve :

Départs en Syrie : "571 ressortissants identifiés"

Comment la Place Beauvau gère-t-elle les allers et les éventuels retours de jihadistes vers la Syrie ? "Nous entravons les départs et nous interceptons au maximum les retours", répond Bernard Cazeneuve. Le ministre lâche aussi quelques chiffres : "571 de nos ressortissants sont actuellement identifiés dans les groupes terroristes en Syrie et en Irak. Parmi eux, 197 femmes et 85 mineurs embrigadés, dont 51 jeunes filles... et 141 sont présumés y avoir trouvé la mort." Il ajoute que "245 personnes revenues sur notre territoire sont incarcérées, sous contrôle judiciaire ou suivies par les renseignements".

"Calais est une impasse, cela doit être compris"

Interrogé sur la situation à Calais, de plus en plus tendue, Bernard Cazeneuve réaffirme qu'il faut empêcher le passage. Sinon, dit-il, "les Britanniques qui ne sont pas dans Schengen la rendraient infranchissable de leur côté". Les associations humanitaires, poursuit-il, lui reprocheraient alors "de laisser les migrants mourir en nombre en prenant la mer ou percutés par un train". "Mon objectif est de rendre le passage étanche. Calais est une impasse, cela doit être compris", conclut-il.

Il revendique vouloir disperser une partie des migrants ailleurs sur le territoire français ou les expulser, quand c'est possible : "Nous avons procédé depuis le début de l'année à 1 532 éloignements du territoire français d'étrangers interpellés à Calais ou dans les alentours, dont 57 depuis le 23 octobre". Mais le ministre de l'Intérieur souhaite aussi que "ceux qui relèvent du statut de réfugiés puissent l'obtenir en France". Il estime que, au total, 80 000 demandes d'asile seront déposées en France en 2015 contre 65 000 l'an dernier.

Légitime défense des policiers : possibilités élargies

Bernard Cazeneuve réaffirme qu'il va faire évoluer les conditions de recours à la légitime défense pour les policiers. Et notamment dans un contexte "où des forcenés tuent en série" comme on l'a vu "lors des actes terroristes, ou récemment à l'Ile-Saint-Denis", où un agent a été blessé par un braqueur évadé lors d'une permission de sortie le 5 octobre. La loi devrait être modifiée "idéalement au premier semestre 2016".

Contre les contrôles au faciès, les "caméras-piétons"

Interrogé sur le refus de la gauche d'appliquer une des mesures promises lors de la campagne de François Hollande, le récépissé pour lutter contre les contrôles au faciès, le ministre explique qu'il va faire "mieux". Il va légiférer sur la caméra-piéton", qui permettra de filmer le contrôle. Mais il n'a pas voulu en préciser les modalités. Or, lors d'une expérimentation menée par 200 patrouilles en zone de sécurité prioritaire, ce sont les policiers qui ont allumé et éteint les caméras, qui ne filmaient donc pas l'ensemble de la scène.

Mort de Rémi Fraisse : un démenti

Interrogé sur la mort de Rémi Fraisse, le ministre affirme qu'il n'a pas su "dès les premières heures" qu'un manifestant avait été touché, probablement par une grenade offensive, alors que les gendarmes le savaient dès 1h45 et ont fait remonter l'information au plus haut niveau selon Mediapart. Démenti de Bernard Cazeneuve : "Ce n'est pas vrai. Aucun rapport de gendarmerie ne m'a été communiqué qui indiquait cela dans les premières heures." Il déclare avoir donné au préfet "des instructions de dialogue et de modération dans un contexte d'extrême violence".

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