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Dans les Canaries, des sépultures sans noms pour 15 migrants retrouvés morts sur un bateau : ''Ils rêvaient d'une vie meilleure''

Depuis janvier 2020, près de 19 000 migrants africains sont arrivés aux îles Canaries, souvent venus en pirogue depuis le Sénégal ou la Gambie. Au mois d’août, les corps sans vie de quinze d'entre eux ont été récupérés sur un bateau qui dérivait en mer.

Article rédigé par Valérie Crova, Gilles Gallinaro
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le cimetière de San Sebastien, sur l'île de Grande Canarie. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

Dans le cimetière d’Aguimes, sur l’île espagnole de Grande Canarie, au large de la côte nord-ouest de l'Afrique, un bouquet de fleurs et un chapelet ont été déposés devant des niches funéraires. C’est ici que reposent 15 migrants découverts au moins d’août, dérivant en mer sur un bateau. D’eux, on ne sait rien, seulement qu’ils sont morts de faim et de soif.

>> Les îles Canaries redeviennent une porte d’entrée en Europe pour les migrants

Depuis janvier 2020, près de 19 000 migrants africains sont arrivés aux îles Canaries. La majorité d'entre eux sont originaires des pays d’Afrique de l’ouest : ils partent le plus souvent du Sénégal ou de Gambie à bord d’embarcations de fortune, les cayucos, autrement dit des pirogues. Une traversée longue et dangereuse à cause des courants océaniques.

"Il n’y a pas de nom, rien"

"Chacun a un numéro : 1, 2 jusqu’à 15, indique Bartolomé le gardien du cimetière. Il n’y a pas de nom, rien. C’est triste… Qu’il s’agisse de migrants ou pas, c’est très triste. Ce sont des gens comme nous qui voulaient une vie meilleure." La Fédération des associations africaines des Canaries souhaitait que ces migrants reçoivent une inhumation digne. Elle a reçu l’aide de la paroisse. "Quinze migrants en même temps, ne pas connaître leur nom, ni leur origine, ni leur âge, ni leur visage, c’était vraiment dur", soupire le curé de l’île, Miguel Lantegua.

Vu qu’ils sont au cimetière dans un endroit bien visible, les gens vont fréquemment les voir, prient pour eux et leur apportent des fleurs.

Le père Lantegua

à franceinfo

La mort lente de ces migrants dont on ne connaît pas la religion a été un choc pour les habitants d’Aguimes. Ils n’ont pas été incinérés pour permettre un jour peut-être de les identifier. Selon l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM), plus de 500 migrants sont morts depuis le début de l’année. Un chiffre qui a doublé par rapport à 2019. 

Le reportage aux Canaries de Valérie Crova, et Gilles Gallinaro aux moyens techniques

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