: Vidéo "Ils fuient la torture, le viol, le travail forcé, l'esclavage..." : Tanguy Louppe, sauveteur sur l'"Aquarius", témoigne
Alors que l'"Aquarius", toujours sans pavillon, se trouve bloqué dans sa mission humanitaire, "Complément d'enquête" reçoit l'un des sauveteurs de l'équipage et marin professionnel, Tanguy Louppe. Extrait d'une interview diffusée le 18 octobre 2018.
En permanence, douze heures par jour, parfois la nuit, il fait partie de ceux qui surveillent ces embarcations à la dérive remplies de migrants depuis l'Aquarius. Privé de pavillon, le bateau affrété par SOS Méditerranée qui a sauvé des milliers de vies en mer se trouve aujourd'hui bloqué. C'est à Ostie (Italie), au bord de cette Méditerranée qu'il connaît bien, que Tanguy Louppe, marin et sauveteur, a répondu aux questions de Jacques Cardoze dans "Complément d'enquête" le 18 octobre 2018.
Ces embarcations à la dérive, elles sont de deux types, explique-t-il : "Les pneumatiques, de 10 à 12 mètres avec 150 à 200 personnes dessus, [soit] 8 personnes au mètre carré – ça, ça fait penser au Radeau de la méduse – et les bateaux bois : c'est entre 300 et 900 personnes – ça, ça fait plus penser à un navire négrier."
"Dans tous les cas, humainement, c'est une horreur sans nom, et professionnellement, ça veut dire que la moindre erreur, la moindre faute d'attention, la moindre perte de contrôle, ça vire au cauchemar en quelques secondes. Un mouvement de panique, c'est plusieurs dizaines de personnes à la mer, qui ne savent pas nager, sans moyen de flottaison..."
"A aucun moment ce n'est une vague migratoire qui se précipite sur l'Europe"
Et quand le sauvetage réussit, quels sont les premiers mots des naufragés ? "Ce qu'ils nous disent, c'est qu'ils renaissent. Parce que pour la première fois depuis bien longtemps, ils ne sont pas en danger de mort, et ils ont un petit temps de repos et d'attention, avant de passer à une autre étape du voyage."
En réponse aux polémiques qui s'amplifient autour du sort et même de la mission de l'Aquarius, Tanguy Louppe dit ceci : "Moi, ce à quoi je suis confronté, c'est à des gens qui fuient. Des gens qui fuient ce qu'ils appellent eux-mêmes l'enfer libyen, des gens qui fuient la torture, le viol, le travail forcé, l'esclavage, et toutes sortes d'atteintes aux droits de l'homme et à la dignité de la personne. A aucun moment ce n'est une vague migratoire qui se précipite sur l'Europe pour une vie meilleure. Moi, je suis confronté à des gens qui fuient l'horreur."
Extrait d'une interview diffusée dans "Complément d'enquête" le 18 octobre 2018.
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