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Accueil des étrangers : la zone d’attente de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle "n'est pas un lieu pour les enfants"

Chaque année, plus de 6 000 étrangers passent par la Zapi (zone d'attente pour personnes en instance) de l'aéroport parisien. Franceinfo a eu accès à ce bâtiment qui ouvre rarement ses portes.

Article rédigé par franceinfo, Gaële Joly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une pièce de la zone d'attente pour personnes en instance à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle à Paris (RADIO FRANCE / GAELLE JOLY)

C'est un bâtiment au bord des pistes, entouré de grillages, scruté par de nombreuses caméras. La zone d'attente pour personnes en instance, la Zapi, accueille des étrangers en situation irrégulière ou en attente d'un titre de séjour, dès leur arrivée sur le tarmac de Roissy-Charles de Gaulle, à la descente de leur avion. Un peu plus de 6 000 personnes, dont de nombreux mineurs, y passent chaque année et peuvent y être maintenus jusqu’à 20 jours.

À la veille de l'examen au Sénat du projet de loi asile et immigration mardi 19 juin, franceinfo a pu visiter cette zone d’attente avec le sénateur socialiste des Hauts-de-Seine Xavier Iacovelli, qui doit déposer lundi un amendement pour interdire les zones fermées pour les mineurs. 

La zone d'attente de Roissy-Charles de Gaulle : reportage de Gaële Joly


"Il y a vraiment une bulle qui est faite autour des mineurs, souligne le capitaine de police qui fait la visite. Elle peut accueillir six enfants. Ils ont un espace qui leur est entièrement dévolu avec une petite salle de jeu, une petite bibliothèque..." Partout sur les murs, des dessins égayent un peu la zone, comme la robe fleurie de Frida Telep. Médiatrice-interprète de la Croix-Rouge, c’est elle qui s’occupe des mineurs. "Au départ, ils sont stressés, il y en a qui pleurent, c'est l'uniforme qui les effraie souvent", explique-t-elle. "Ça nous est déjà arrivé d'avoir des enfants d'un an, deux ans ou trois ans. Il y en a qui arrivent à avouer qu'on leur a donné de l'argent pour partir, raconte la médiatrice. Il y en a à qui on a promis du travail, mais la finalité c'est un mariage forcé."

Des dessins réalisés par des enfants tapissent les murs de la salle d'attente  (GAELE JOLY / RADIO FRANCE)

Un enfermement difficile à vivre pour les mineurs

À l’étage du dessus, dans le bureau de la Croix-Rouge, le sénateur Xavier Iacovelli interroge l’une des membres de l’ONG sur le quotidien des mineurs qui passent par la ZapiMême si la Croix-Rouge essaie de mettre en place énormément de choses pour améliorer leurs conditions de vie "ça reste très difficile", reconnaît Tiffany Zarria. "C'est l'enfermement qui pose réellement problème. Ce n'est pas un lieu pour les enfants", déplore-t-elle. Un avis que partage Xavier Iacovelli. "Ça a beau être aménagé, ça reste une prison", tranche le sénateur socialiste.

Une chambre dans la zone d'attente pour personnes en instance, à Roissy-Charles de Gaulle (GAELE JOLY / RADIO FRANCE)

Xavier Iacovelli défendra mardi au Sénat l’interdiction des zones fermées pour les mineurs, et cette visite n’a fait que renforcer sa position. "La police part du principe que ce lieu permet de couper les réseaux, de protéger les enfants. C'est un discours qui m'a parlé et que je veux bien entendre. Sauf qu'ils y restent 20 jours maximum, ça reste très limité dans le temps et ça reste quand même une privation de liberté. Il y a un vrai traumatisme d'enfermement de ces mineurs", estime le sénateur PS.

L'élu imagine la construction de structures indépendantes qui ne seraient pas gérées par la police mais par d’autres organismes. Il attend aussi des propositions de l’État sur cette question qui sera longuement discutée dans l'hémicycle.

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