Ukraine : la contre-offensive de l'armée ukrainienne est "une occasion à ne pas louper", estime un chercheur en conflits et sécurité internationale
La contre-offensive de l'armée ukrainienne est "une occasion à ne pas louper", estime Julien Théron, chercheur politiste et enseignant en conflits et sécurité internationale à Sciences Po. L'Ukraine a annoncé, dimanche, la reconquête de trois villages dans la région orientale de Donetsk. "C'est une contre-offensive au sens stratégique plus que tactique", analyse le co-auteur du "Pacte des autocrates - Comment ils s’unissent pour détruire nos démocraties" paru chez Robert-Laffont.
Pour l'instant, la contre-offensive consiste en de toutes petites victoires de l'armée ukrainienne ?
Oui, parce qu'on parle de cette contre-offensive depuis plusieurs mois et que les Russes ont bâti des défenses extrêmement fortes. Il y a aussi une autre possibilité : les Ukrainiens tentent de mobiliser les réserves de l'arrière des Russes afin de les pousser sur le front et de créer des percées à des endroits qui seraient déjà identifiés ou qui, de manière plus opportuniste, seraient plus découverts. Mais ça n'a rien de très étonnant que, dans les premiers jours d'une telle contre-offensive, il n'y ait pas de percée majeure. C'est une contre-offensive au sens stratégique, plus que tactique.
L'armée ukrainienne joue-t-elle là son va-tout ?
Son "va-tout", c'est peut-être beaucoup dire, mais effectivement c'est une occasion à ne pas louper. Les Ukrainiens ont réussi à obtenir un certain nombre de matériels avec beaucoup d'efforts de négociation auprès des Occidentaux, essentiellement des matériels blindés, mais également des drones. L'emploi des matériels dans cette offensive doit créer une différence vis-à-vis des forces russes. Il serait de bon aloi, après un an et demi de combats de haute intensité, de réaliser des avancées majeures. Il y a une raison pour laquelle c'est nécessaire, c'est que les opinions publiques, surtout occidentales, se lassent vite - plus vite que l'opinion publique en Ukraine qui joue son existence. C'est pour éviter de devoir encore longtemps demander des armes aux Occidentaux.
La multiplication des offres de médiation et de négociation fait-elle monter la pression sur les Ukrainiens ?
Oui, c'est difficile de se battre quand on n'a pas les moyens de se battre et de devoir demander ces moyens à ses partenaires. Ces partenaires sont eux-mêmes soumis à d'autres agendas politiques et à des pressions populaires et à des pressions des oppositions, donc ce n'est pas très facile de demander toujours des armes. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'on ne donne pas des armes à l'Ukraine parce que c'est sympathique ou parce qu'on est généreux. On donne des armes à l'Ukraine parce que ça contient la Russie qui irait beaucoup plus loin, y compris dans les pays occidentaux, en terme de destabilisation le cas échéant.
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