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Témoignages "On reçoit 600 appels par semaine" : à Genève, une "hotline" pour aider les familles ukrainiennes à retrouver leurs proches disparus

Depuis la Suisse, la Croix-Rouge tente de retrouver la trace des réfugiés ukrainiens. L’organisation a ouvert un centre d’appel pour venir en aide aux familles qui n'ont plus de nouvelles de leurs proches.
Article rédigé par franceinfo - Jérémie Lanche
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le siège social du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Genève, en août 2022.  (BENJAMIN POLGE / HANS LUCAS / AFP)

Dans le centre d’appel du Comité International de la Croix-Rouge (CICR), près de l'ONU à Genève, le téléphone d'Olga n’arrête pas de sonner. Et c’est comme ça tous les jours pour cette opératrice depuis le début de la guerre en Ukraine. "En moyenne, on reçoit 600 appels par semaine, explique-t-elle. Mais si on ajoute ceux que reçoivent la Croix-Rouge à Kiev et à Moscou, alors on peut dire que ce sont plusieurs centaines de demandes par jour."

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Une première depuis la Seconde Guerre mondiale

La dernière fois que la Croix-Rouge avait monté une hotline de cette importance, c’était après la Seconde guerre mondiale. Les opérateurs prennent des notes, donnent des informations - quand ils en ont. Un an après le début de la guerre en Ukraine, les disparus se comptent par dizaines de milliers. Le personnel écoute aussi. Beaucoup.

Pascal Nguema le fait avec d’autant plus de bienveillance qu’il est réfugié en Suisse après avoir dû quitter Kherson avec sa famille. Un appel l’a particulièrement marqué : "Elle a appelé en pleurant pour avoir des nouvelles de son mari, se souvient-il. Sa fille, juste à côté, lui a demandé pourquoi elle pleurait. Elle lui a répondu que c'était parce qu'elle était en train de discuter avec des gens qui sont en train d'aider son papa. Sa fille lui a répondu : 'Mais s'ils sont en train d'aider papa, pourquoi tu pleures ?"

"Cette petite fille a dit ensuite : 'Dites à papa que je ne lui en veux pas parce qu'il n'était pas là le jour de mon anniversaire. Mais si vous le voyez, dites-lui de rentrer à la maison parce qu'il me manque beaucoup.'"

Pascal Nguema

à franceinfo

La Croix-Rouge utilise ses visites aux prisonniers de guerre en Ukraine et en Russie pour mettre à jour ses listings. Mais parfois le doute subsiste, explique le responsable de la récolte de données, Jérôme Cassous : "Si un détenu nous a été notifié avec une information minimale, par exemple un nom sans une date de naissance, sans son régiment, ou ce genre de choses, on ne partage pas l'information, explique-t-il. Parce que c'est pire de donner une information mauvaise que ne pas donner d'informations du tout."

La Croix-Rouge a déjà enregistré plus de 45 000 demandes depuis mars dernier, par téléphone ou par courriel. Elle a pu y répondre une fois sur cinq environ. Seule certitude : le centre d’appel est là pour durer. Même si la guerre prenait fin demain, certains dossiers ne seront pas clos avant des mois, voire des années.

Pour contacter le comité international de la Croix-Rouge depuis l'Ukraine : 0 800 300 155 (numéro principal), 0 800 300 185 (depuis Donetsk), 0 800 300 195 (depuis Louhansk). Hors d'Ukraine, le numéro est le suivant :  +41 22 730 36 00.

Dans les coulisses du "call center" dédié à l'Ukraine de la Croix-Rouge

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