: Témoignages "Les Russes sont menteurs et trichent toujours" : à l’heure des négociations avec Moscou, le scepticisme des Ukrainiens de Kiev
Si la Russie a annoncé mardi réduire "radicalement" son activité militaire dans les régions de Kiev et Tchernihiv lors de pourparlers à Istanbul, les bombardements ont continué cette nuit en Ukraine. A Kiev, les habitants ne s'autorisent aucun espoir.
Ils sont trois amis qui ont pris la route pour retrouver Kiev, leur ville, le jour où l'on annonce une percée dans les négociations qui se poursuivent encore mercredi 30 mars, au 35e jour de la guerre, à Istanbul, en Turquie, entre l’Ukraine, et l'envahisseur russe. Moscou s’est engagé à "réduire radicalement" son activité militaire en direction de Kiev et Tchernihiv, au nord de la capitale, et dans la soirée de mardi, Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a évoqué des signaux "positifs".
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Il lui faudra pourtant convaincre ses concitoyens : quelques heures après les promesses russes, les bombardements ont repris à Tchernihiv, pilonnée toute la nuit, selon le gouverneur de la région. Rien qui ne dissipe les doutes de Sergueï, le chauffeur routier, de Yevhen, le musicien ou d'Alexander, l'entrepreneur, qui partagent un même scepticisme au micro de franceinfo dans les rues de Kiev : "Je pense qu'il est impossible de se mettre d'accord avec l'ennemi, avec la Russie, peste Yevhen. Ils sont menteurs et malhonnêtes. Ils trichent toujours." Alexander l'approuve :
"Comment se mettre d'accord avec un ennemi qui vient tuer nos enfants sur notre terre et qui détruit nos villes ?"
Alexanderà franceinfo
La Russie a beau annoncer qu'elle va desserrer l'étau sur Kiev et Tchernihiv, au nord, Sergueï attend de voir venir : "Les parents de mon épouse habitent Tchernihiv, explique-t-il. Et tous les jours, depuis trente jours, ils restent terrés dans leur cave sans sortir. Ils ont chronométré : toutes les quatre heures, un avion bombarde la ville." "Les Russes ne se retirent pas : ils vont peut-être reculer et se regrouper, mais pour revenir, prédit Sergueï. Il ne faut pas les croire."
"Ils iront jusqu'au bout"
Dans un autre quartier de la capitale, avec sa veste marron et son oreillette noire, Oleg tord la joue quand on lui demande s’il croit au moment d’un tournant dans le conflit. Il est chauffeur de taxi, mais précise tout de suite qu’il est volontaire pour soutenir son pays. Et comme les autres, il ne fait pas confiance aux Russes et n’attend pas non plus grand-chose des dernières déclarations. "La Russie et Poutine sont un pays et un homme qui ne s'arrêtent pas avant d'avoir fini ce qu'ils ont entrepris, estime-t-il. Ils iront jusqu'au bout : vous ne pourrez pas les arrêter avec des négociations et un consensus."
Roman, plutôt jeune, les yeux bleus, dit qu’il suit les infos régulièrement des deux côtés et que s’il aimerait vraiment s’accrocher à l'idée d'un cessez-le-feu, il estime que c’est encore un peu trop tôt.
"Honnêtement, je doute que ça change : c'est Poutine qui prend les décisions et pas la délégation des négociations. Donc je n'y crois pas."
Romanà franceinfo
Depuis plusieurs jours, les contrôles se sont assouplis dans la ville et la pression diminue dans la capitale. Pourtant, d’après les soldats ukrainiens, les Russes sont toujours solidement installés au nord-ouest avec leur artillerie. Après un mois de souffrances, les Ukrainiens ne s'autorisent pas encore l'espoir.
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