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Témoignage Guerre en Ukraine : "Nous nous battrons jusqu'à la fin", assure un officier ukrainien depuis la ville assiégée de Marioupol

Les forces ukrainiennes se préparent à la chute du port de Marioupol, place stratégique du Sud-Est du pays encerclée et bombardée depuis plus d'un mois par l'armée russe. Illya Samoylenko combat dans la ville martyre : cet officier ukrainien du régiment Azov raconte l'enfer sur place.

Article rédigé par franceinfo, Omar Ouahmane, Gilles Gallinaro
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Des civils marchent dans le centre dévasté de Marioupol, le 12 avril 2022. (ALEXANDER NEMENOV / AFP)

"Les combats sont acharnés, c'est une guérilla urbaine. Ce sont des combats de rue, mais il n'y a pas vraiment de ligne de front". C'est la situation à Marioupol décrite, mercredi 13 avril, par Illya Samoylenko, officier ukrainien du régiment Azov qui combat à l'intérieur de Marioupol. Quelques 3 000 soldats ukrainiens seraient encore à l'intérieur de la cité, assiégée depuis plus d'un mois par l'armée russe.

Illya Samoylenko, officier ukrainien du régiment Azov, raconte l'enfer des combats dans Marioupol - Le reportage d'Omar Ouahmane et Gilles Gallinaro

Sur place, les forces ukrainiennes se préparent à la chute de la ville mais ne veulent pas céder et demandent "l’aide de l’Ouest, qui ne nous a pas apporté de soutien militaire ces huit dernières années. Je suis très reconnaissant aux pays qui, depuis le 24 février, livrent des armes à l’Ukraine, déclare Illya Samoylenko. Mais nous, à Marioupol, assiégée par les Russes, nous n’avons rien reçu." L'officier demande notamment des armes lourdes, "plus performantes", pour faire face aux russes, après en avoir tué "au moins 2 000", assure-t-il.

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La ville rasée quartier par quartier

Il insiste : "Nous combattons sans le soutien de l'artillerie et sans le soutien aérien, sans approvisionnement depuis plus d'un mois et demi." Illya Samoylenko décrit une bataille acharnée : "Nous nous battrons jusqu'à la fin. Nous ne nous rendrons pas. Nous nous battrons non pas jusqu'à la mort, mais jusqu'à la victoire". Les combats se déroulent dans un champ de ruine, la ville est déjà en grande partie dévastée par les combats et les bombardements russes.

Illya Samoylenko, officier ukrainien du régiment Azov, raconte les combats à Marioupol, ville assiégée en Ukraine. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Selon cet officier de l'état-major du régiment Azov, un groupe au départ paramilitaire crée au moment de la guerre du Donbass par un leader ultra-nationaliste qui utilise aujourd’hui encore des insignes SS de la division Das Reich, et qui fait partie de l'armée ukrainienne depuis 2014, les russes "utilisent des avions qui bombardent de façon indiscriminée, des bombes qui tombent sur des habitations, sur des civils, des hôpitaux et des théâtres". Bientôt à court de munitions, il assure que les russes rasent la ville, quartier par quartier.

Sur place, la situation est désespérée, un enfer pour les civils piégés au milieu des combats et privés de tout. Si les combattants ont encore des réserves limitées d'eau et de nourriture indique cet officier, les habitants coincés sur place n'ont plus rien, et "souffrent de la faim."

"La Russie s’efforce de bloquer toute aide humanitaire venant de la partie ukrainienne. Un véritable génocide ! Et puis les Russes enlèvent et déplacent les habitants des zones occupées de Marioupol."

Illya Samoylenko, officier de l'état-major du régiment Azov

à franceinfo

Illya Samoylenko affirme avoir eu entre ses mains "des tracts distribués aux civils leur annonçant leur 'relocalisation' dans l’extrême Est de la Russie, à Vladivostok ou dans le Kamchatka par exemple."

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Sur place, alors que "les civils sont en train de mourir dans la rue", l'officier se bat chaque jour pour que la ville entière ne tombe pas aux mains des russes. Il tient d'ailleurs à préciser que si "l'ennemi est déjà en ville, il ne contrôle pas tout, contrairement à ce qu'il prétend". "La Russie a pris peut-être un tiers de Marioupol, mais elle est désormais engagée dans une guerre urbaine. Pour pouvoir revendiquer une mainmise totale sur un secteur, il lui faut tout balayer. Ce que l'armée russe fait avec ses bombardements aveugles", explique-t-il. Ajoutant que "les Russes violent toutes les lois de la guerre, tous les traités internationaux".

"Ils ont utilisé des munitions interdites, et même des armes chimiques, hier à Marioupol. Nous ne pouvons pas dire ce que c’était, faute de disposer d’un laboratoire, mais des habitants ont manifesté des symptômes inhabituels."

Illya Samoylenko

à franceinfo

Comme Illya Samoylenko, 3 000 soldats ukrainiens seraient encore à l'intérieur de Marioupol, en position défensive. (OMAR OUAHMANE / RADIO FRANCE)

Pour Illya Samoylenko, la Russie est en train de "commettre des milliers de crimes de guerre, ici à Marioupol. Et elle s'efforce de faire disparaître ses sales secrets. Comment s'y prend-elle ? Elle rase tout, comme ça sans preuve, il n'y a pas de punition !" Quand on lui demande ce qui lui arrivera dans l'hyptohèse où il décidait de se rendre aux russes, l'officier répond : "Si je me rendais, ils me tortureraient, ils me mutileraient, voilà ce qu'ils me feraient". La chute imminente de Marioupol devrait accélérer la deuxième phase de l'offensive russe, dont l'objectif est l'annexion de la région du Donbass, disputée depuis 2014.

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