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Témoignage Guerre en Ukraine : "Ils scrutent ton corps pour voir si tu as combattu", témoigne un réfugié passé par un "camp de filtration" russe

Des Ukrainiens assurent que les forces du Kremlin utilisent ce système hérité de l'époque soviétique, destiné à retenir et interroger les civils qui tentent de fuir les zones de combat. 

Article rédigé par franceinfo - Jean-Sébastien Soldaïni
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Des habitants passent devant un soldat russe dans le centre de Marioupol, le 12 avril 2022. (Illustration) (ALEXANDER NEMENOV / AFP)

Comme si les soldats russes se livraient, lors de cette guerre en Ukraine, à une sorte de tri entre ceux qu'ils considèrent être les bons Ukrainiens et les autres. Quelques dizaines de personnes ont pu sortir de Marioupol et de l'usine Azovstal. Mais durant plus de 24 heures, ces civils qui étaient jusque-là terrés dans les sous-sols du complexe industriel n'ont donné aucune nouvelle.

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Ils ont dû passer par ce que les Russes appellent des "camps de filtration". Un système hérité de l'époque soviétique et déjà mis en place par les Russes au moment de la guerre en Tchétchénie.     

Des heures d'attente avant un interrogatoire

Ceux qui sont perçus comme sans danger peuvent passer. Les autres restent des nuits dans le froid, parfois dénudés. Anton a ainsi dû attendre 8 heures sans s'asseoir avant un interrogatoire. "Ils fouillent les téléphones, les photos, les appels pour voir si tu as des liens avec le bataillon Azov, explique, mercredi 4 mai, ce réfugié ukrainien. Ils ne regardent pas seulement les tatouages. Ils scrutent ton corps pour voir si tu as des traces qui prouvent que tu as combattu ou manié des armes, comme un bleu sur l'épaule."

Anton a pu quitter ce "camp de filtration", sans trop d'encombre, mais d'autres moins chanceux, car considérés comme suspects, sont conduits jusqu'à Donetsk. "Là, ce sont des gars du FSB qui dirigent les interrogatoires, alerte le maire-adjoint de Marioupol, Petro Andryushneko. Les personnes sont mises à l'isolement. On dirait les camps de la Seconde Guerre mondiale. Ils sont torturés, parfois jusqu'à la mort."

"S'ils trouvent un tatouage qui ne leur plaît pas, ils le grattent jusqu'au sang avec une pierre."

Petro Andryushneko, maire-adjoint de Marioupol

à franceinfo

L'élu considère que ces agissements ne sont pas uniquement destinés à débarrasser le pays de ses citoyens. Il s'agit, selon lui, d'effacer tout sentiment nationaliste au sein de la population.

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