: Témoignage Guerre en Ukraine : architecte d’intérieur avant l'offensive russe, Andreï est devenu soldat sur le front près de Kiev
Depuis plusieurs jours, près de Kiev, l'armée ukrainienne tire des mortiers pour freiner l’avancée des chars ennemis. Ils sont aidés par des civils qui ont quitté leurs métiers tranquilles pour prendre les armes.
C’est assez rare qu’un militaire fende l’armure. Mais c’est peut-être parce qu’Andreï, 32 ans, n’est pas un militaire de métier qu’il ose se confier. Il y a encore quelques jours, avant l'offensive russe en Ukraine, il était architecte d’intérieur à Kiev. Aujourd’hui, il est soldat à quelques centaines de mètres du front, dans la petite ville de Bilohorodka, à 30 km à l’ouest de la capitale ukrainienne. "Pour être honnête, oui j’ai peur. On nous a annoncé par radio que les tanks russes se rapprochaient de notre barrage. On nous a demandé de nous préparer, donc oui ça fait vraiment peur… mais malgré tout je suis là !" lance-t-il.
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Chaque jour, l'étau des forces russes se resserre autour de Kiev. Depuis plusieurs jours, l’armée ukrainienne tire des mortiers pour freiner l’avancée des chars ennemis autour de la capitale. "En plus, nous n’avons pas assez d’armement pour combattre les chars russes. Au début nous n’avions ici que quelques Kalachnikov et quelques pistolets. Là, nous avons reçu quelques armes en plus. Mais de toute façon, la fonction de notre barrage, c’est surtout de ralentir les chars, leur jeter quelques cocktails Molotov et puis après, on se barre…" sourit-il.
"Il y a une semaine, je pensais que j’étais incapable de tuer quelqu’un"
Ici, sur ce barrage dans le froid, debout toute la journée, Andreï a le temps de cogiter. Et puis il y a cette question : suis-je prêt à tuer un homme ? "C’est une question difficile. Je me la pose tous les jours. Je ne sais pas vraiment ce que je ferais. Il y a une semaine, j’aurais pensé que j’étais incapable de tuer quelqu’un. Maintenant je me dis que je suis prêt à tirer s’il le faut." lâche-t-il, avant d'entendre un son sourd de détonation.
"Ce sont des tirs de mortiers à nous, ne vous inquiétez pas", rassure Andreï, qui n'a pas sursauté au moment du tir. Il le confie d'ailleurs, il a l’habitude désormais car il a changé en quelques jours. "Je n’hésiterai pas à tirer. Personne ici n’hésitera. Bon après, ça dépend aussi de la situation… Si il y a trop de chars russes en face, si les forces ne sont pas équitables, je ne le ferais pas, je ne suis pas Sylvester Stallone…"
Andreï sourit volontiers et prend la pose quand on lui demande une photo… Il fait le V de la victoire même si les chars russes ne sont plus très loin.
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