Postée la veille de la fermeture d'Instagram en Russie, la vidéo d'Olga Bouzova tourne en boucle dans le pays. "Je partageais ici tout simplement ma vie, mon travail, mon âme", pleure celle qui est l'une des instagrameuses les plus populaires du pays. Son compte cumulte 23 millions d'abonnés, en larmes. Pour elle, l'interdiction du réseau est dramatique. "Ce n'est pas seulement un travail, ça fait partie de moi. J'ai l'impression qu'une grande partie de mon cœur et de ma vie m'a été enlevée."Voir cette publication sur InstagramUne publication partagée par Ольга Бузова (@buzova86)Depuis ce 14 mars, Instagram a rejoint Facebook et Twitter dans la liste des sites bloqués. Et si Facebook n'était pas très populaire en Russie, concurrencé par le réseau local V Kontakte, ce n'était pas le cas d'Instagram. Le réseau s'est installé ces dernières années dans la vie des Russes, et pas uniquement des jeunes. On estime à 80 millions le nombre d'utilisateurs d'Instagram en Russie, sur un total de 144 millions d'habitants.>>> Guerre en Ukraine : suivez les dernières informations dans notre directUn secteur à 100 millions de dollars de chiffre d'affaires annuelÉvidemment, les vidéos d'Olga Bouzova ont suscité quelques sarcasmes chez ceux qui continuent à accéder aux réseaux sociaux en utilisant des VPN, ces logiciels qui permettent de contourner l'interdiction.Mais la disparition d'Instagram est aussi une mauvaise nouvelle de plus pour l'économie russe. Les influenceurs russes ont généré un chiffre d'affaires de 100 millions de dollars annuels en publicité. De nombreuses petites entreprises, des artisans, des auto-entrepreneurs utilisaient le réseau pour promouvoir leurs produits et leurs ventes. Beaucoup d'entre eux y ont investi beaucoup d'argent pour se faire connaître. L'économie numérique russe était en plein essor. C'est une victime collatérale de la censure.