: Reportage "Nous ne descendons plus dans les abris" : en Ukraine, après plus de deux ans de guerre les alertes aériennes font partie du quotidien
Dans le nord de l'Ukraine, les troupes russes revendiquent la prise de nouvelles localités dans la région de Kharkiv. À la frontière, les bombardements sont incessants. L’Ukraine a annoncé le repli de ses forces dans certaines zones tandis qu'à Kiev, la capitale, la vie poursuit son cours, mais toujours au rythme des alertes aériennes. Des alertes qui désormais tellement partie du quotidien que les habitants de la ville ne se rendent pas toujours aux abris.
En plein centre de Kiev, la station de métro Arsenalna est parmi les plus profondes au monde, à 105 mètres sous terre. À 13h05, la sirène retentit. En gilets jaunes, une douzaine d’enfants d’une école située à cinq minutes de là s’installent sur des tapis avec Anastasia, leur accompagnatrice. "Lorsque nous courons vers l’abri, chaque enfant peut nous demander ce qui nous attend ou si nous l’atteindrons suffisamment vite, confie-t-elle. Ça reste donc difficile, mais nous sommes forts. Et nos enfants doivent aussi s'accrocher. Il n'y a pas d'autre solution."
Des trajets parfois trop risqués
Debout dans un coin avec sa fille de 10 ans, Anna vient de la région de Khmelnytskyi, plus à l’ouest. Elle vit à côté un aérodrome militaire visé par des drones Shahed et des missiles Kindjal. Elle est habituée, dit-elle : "Quand nous étions en route pour venir ici, je me suis dit : en cas d'alarme, nous irons direct dans le métro. C'est une grande ville, il peut y avoir des débris qui tombent. À Kiev, ça reste beaucoup plus risqué que chez nous." Mais chez elle, la nuit, elle ne prend plus la peine de descendre à l’abri. "Comme beaucoup d'Ukrainiens, nous n'allons plus nulle part, dit-t-elle. Et elle ajoute : "Nos hommes de la défense aérienne nous protègent. Nous les aimons et leur faisons confiance."
Le crâne rasé, Roman, 26 ans, est militaire dans la garde nationale. S’il attend patiemment dans le métro, ce n’est pas qu’il voulait se mettre à l’abri, c’est que le trafic de sa ligne, en partie aérienne, est suspendu le temps de l’alerte : "Nous ne descendons plus dans les abris, même lorsque nous entendons des explosions et des tirs de roquettes, parce que l'abri le plus proche de chez moi est assez éloigné, explique-t-il. Si on réfléchit bien, c’est plus dangereux d’y aller que de rester chez soi. Alors je reste assis à l’intérieur, et s’il le faut, nous nous réfugions dans le couloir."
13h45, fin de l’alerte. Elle n’aura duré qu’une quarantaine de minutes. En un instant, tout le monde disparaît, pressé de retrouver le cours de sa journée.
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