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Reportage Guerre en Ukraine : tensions à Kiev à la veille de Pâques, des moines accusés d'être proches de la Russie

Les chrétiens orthodoxes célèbrent Pâques, leur plus grande fête religieuse, ce week-end. Le président ukrainien a menacé d’expulsion des moines accusés d’être trop proches de Moscou, soutenus par des fidèles à Kiev.
Article rédigé par Mathilde Dehimi
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La messe à l'intérieur de la Laure des Grottes de Kiev (Ukraine), le vendredi 13 avril 2023. (MATHILDE DEHIMI / RADIO FRANCE)

Pour cette fête de Pâques, les chrétiens orthodoxes ukrainiens peuvent se réunir beaucoup plus facilement que l’an dernier car le couvre-feu s’applique seulement la nuit. L’Église est le reflet des tensions entre Kiev et Moscou. Certaines paroisses suivent le rite de Moscou alors que d’autres ont pris depuis longtemps leur autonomie. Ces dernières semaines, de nombreuses paroisses ont coupé les ponts avec le rite de Moscou parfois avec des violences. Le président ukrainien a menacé d’expulsion les moines accusés d’être trop proches de Moscou.

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Les plus grosses tensions se situent à Kiev, à la Laure des Grottes, vaste sanctuaire millénaire classé à l’Unesco. Dans un éclat de voix, Irina, énervée, tourne les talons. "C'est le plus grand sanctuaire du monde orthodoxe", lance la cheffe du centre de conservation du patrimoine qui vient de se voir refuser l’accès au monastère par une fidèle. Elle devait, avec son collègue Alexandre, vérifier l’état des lieux avant les foules de Pâques.

"J'ai peur d'une effusion de sang"

"Ça me surprend que les gens réagissent comme ça alors que c’est juste notre travail de préserver les monuments qui ont plus de mille ans, se désole Irina. Ces accrochages sont artificiels. Tous ces accrochages, tensions, interdiction d’entrée, blocages, ce n’est pas la bonne solution. Le représentant religieux se doit d’être un exemple et pas un hooligan."

Des caricatures devant le sanctuaire du métropolite Pavlo à Kiev, trop dépendant de Moscou selon les autorités ukrainiennes. (MATHILDE DEHIMI / RADIO FRANCE)

Chaque camp s’observe dans le calme. Des policiers portent des brassards médiateurs, des opposants à la présence des moines accrochent des caricatures du métropolite Pavlo prêtant allégeance à Vladimir Poutine. Makary, prêtre de l’église ukrainienne, approuve la demande d’expulsion mais regrette les tensions. "J’ai peur d’une effusion de sang, explique-t-il. Il y a des imbéciles partout, on a vu des gens avec des couteaux et des poings américains. Mais pourquoi venir ici avec ça alors que ce sont des manifestations pacifiques ?"

"On attend le jugement du tribunal"

Dans l’église, les fidèles se pressent autour du Saint-Suaire. Beaucoup accusent les médias de fausses informations. Ils empêcheront toutes tentatives d’expulsion, dit l’archimandrite Pafnoti. "La tension ne retombe pas. On a fait appel de la décision du ministère de la Culture, on attend le jugement du tribunal et on verra ensuite. En ces jours saints, nous savons que la vie chrétienne a toujours vécu de tels cataclysmes, et nous ne sommes pas surpris par ce qui se passe aujourd'hui." Exceptionnellement cette année, la veillée pascale débutera plus tôt et se terminera à 5 heures du matin à la fin du couvre feu.

Des tensions à Kiev pour Pâques après des menaces d'expulsions de moines accusés d'être proches de la Russie - Reportage de Mathilde Dehimi

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