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Pétrole russe : "Avec l'embargo, il y a un fort risque qu'il y ait une nouvelle augmentation" des prix, selon l'Union française des industries pétrolières

Les dirigeants des 27 pays de l'UE ont trouvé un accord qui devrait permettre de réduire de quelque 90% leurs importations de pétrole russe d'ici la fin de l'année.

Article rédigé par franceinfo
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La raffinerie pétrolière de Gonfreville-l'Orcher, près du Havre, le 14 décembre 2019. Photo d'illustration. (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

"Avec l'embargo et la mise en place des réorganisations de flux, il y a un fort risque qu'il y ait une nouvelle augmentation", a estimé Olivier Gantois, président de l’Union française des industries pétrolières (Ufip), sur franceinfo mardi 31 mai. Les dirigeants des 27 pays de l'Union européenne se sont mis d'accord pour réduire de 90% leurs importations de pétrole russe d'ici la fin de l'année 2022. Cet embargo partiel va contraindre les Européens à se tourner vers d'autres sources d'approvisionnement, comme en Afrique et en Asie, au risque d'augmenter les prix.

franceinfo : Quelle est la part du pétrole russe dans ce qui est écoulé en France ?

Olivier Gantois : La part d'importation de pétrole brut de Russie représente entre 10 et 15% des importations françaises.

Comment cet embargo va-t-il se traduire pour vous ?

L'enjeu pour nous est de trouver les volumes équivalents en pétrole brut ailleurs qu'en Russie. Cela fait des semaines que nous nous préparons à cet embargo et nous savons que nous trouverons des volumes essentiellement au Moyen-Orient et en Amérique du Nord. Il faut s'assurer que des volumes seront disponibles pour nous en sachant qu'après, c'est chaque importateur de pétrole brut qui devra éventuellement passer de nouveaux contrats ou renégocier ses contrats d'achats. C'est pour ça qu'il nous faut un peu de temps pour nous organiser. Nous aurons entre six et huit mois pour nous organiser avant que cet embargo soit totalement appliqué.

Qu'allez-vous faire en pratique ?

Signer des contrats et réorganiser les flux logistiques. Un pétrole brut qui vient du Moyen-Orient met un peu plus de temps à arriver sur un tanker que s'il vient de Russie. Le navire est le même mais le temps de trajet est plus long.

"Il y a des réorganisations à prévoir, mais je ne veux pas inquiéter les gens puisque nous avons commencé à nous préparer, il n'y aura pas de problème d'approvisionnement."

Olivier Gantois, Ufip

à franceinfo

Les prix vont-ils augmenter ?

Oui. Ils ont déjà grimpé puisque depuis le début de la guerre en Ukraine. Le prix du pétrole brut a augmenté d'à peu près 25 dollars par baril. Avec l'embargo et la mise en place des réorganisations de flux, il y a un fort risque qu'il y ait une nouvelle augmentation. Il y a une référence mondiale du prix du pétrole qui est le Brent. Depuis le début de la guerre, les pétroles russes sont vendus avec un rabais puisqu'il y a moins de clients pour les acheter. À l'inverse, les produits pétroliers non russes sont vendus avec un supplément de prix.

Le marché pétrolier est extrêmement ouvert, c'est l'offre et la demande qui font le prix à chaque instant. Si on est prêt à payer le prix du jour on peut s'approvisionner sans avoir à s'organiser entre pays européens. C'est un marché libre et libéralisé.

La production va-t-elle augmenter ?

Il y aura une augmentation de la production de la part des certains États producteurs, aussi bien au Moyen-Orient qu'en Amérique du Nord. Il y aura aussi des vases communicants. Certains pays qui n'ont pas décidé d'embargo sur le pétrole russe vont être amenés à acheter davantage de pétrole russe ce qui va libérer des volumes du Moyen-Orient qui vont venir en Europe.

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