Cet article date de plus de deux ans.

Massacre de Boutcha en Ukraine : des images satellites et des observations sur le terrain pointent la responsabilité des soldats russes

Une image de la société Maxar Technologies montre des corps sans vie jonchant une rue de la ville, le 19 mars. France Télévisions a analysé des images et réalisé des constatations de terrain permettant de localiser ces victimes.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Une image satellite de la société Maxar montre des corps sans vie dans une rue de Boutcha (Ukraine), le 19 mars 2022, alors que l'armée russe occupe la ville. (MAXAR TECH VIA AFP)

Un massacre a bien été commis à Boutcha (Ukraine), ville ravagée par un mois de guerre. Le New York Times a publié des images satellites (article en anglais) de la société Maxar Technologies, lundi 4 avril, qui mettent à mal les affirmations russes selon lesquelles les cadavres de personnes en vêtements civils y ont été placés après que les troupes russes ont évacué les lieux. Or dix corps jonchent la rue Yablonska sur ce cliché daté du 19 mars, alors que l'armée russe était en ville depuis au moins deux semaines.

Précédemment, le ministère de la Défense russe avait affirmé que ces corps avaient été déposés là après le départ de ses troupes, le 30 mars. Ce qui est donc un mensonge. Par ailleurs, une autre image satellite montre qu'il n'y avait aucun corps le 28 février, date du début de la guerre : leur présence est due à l'occupation russe. Ces "images haute résolution (...) corroborent de récentes vidéos et photos sur les réseaux sociaux révélant la présence de corps étendus dans les rues [de Boutcha] et abandonnés depuis plusieurs semaines", estime Maxar Technologies dans un communiqué.

Il fallait encore documenter ce massacre. France Télévisions a donc vérifié la présence de ces corps à Boutcha de deux manières. Grâce à l'équipe des Révélateurs, tout d'abord, qui a analysé plusieurs documents mis en ligne les 1er et 2 avril notamment. Grâce au travail mené sur le terrain par une équipe de France 2, ensuite, qui a pu fournir données de localisation et images depuis Boutcha. Au terme de ce travail, France Télévisions est en mesure de confirmer la localisation des dix corps repérés sur l'image satellite ainsi que quatre supplémentaires. Ce décompte n'est pas exhaustif, et notre journaliste a malheureusement constaté la présence d'autres victimes.

Au moins trois d'entre eux étaient des hommes âgés et l'un portait une sacoche contenant une tablette de chocolat et des médicaments, selon nos observations sur place. Parmi les victimes de la rue Yablonska identifiées par satellite, une seule avait les mains attachées. Les circonstances de la mort de ces personnes sont encore inconnues. Par ailleurs, France Télévisions a constaté un impact sur un trottoir, qui semble correspondre à un tir de mortier. Une autre vidéo, tournée début mars, montre également un blindé russe ouvrir le feu sur un cycliste, à l'intersection de la rue Yablonska et de la rue de la gare. Ces images ne laissent guère de doute sur les violences commises contre des civils.

A Boutcha, des preuves de crimes contre des civils
A Boutcha, des preuves de crimes contre des civils A Boutcha, des preuves de crimes contre des civils

Au moins 320 civils ont été tués pendant l'occupation de cette ville qui comptait 30000 habitants avant le début du conflit, selon le maire, Anatolyi Fedorouk, interrogé par la BBC. Ils ont parfois été enterrés dans des jardins, parfois dans une fosse commune creusée par les Ukrainiens eux-mêmes près de l'église Saint-André, comme l'atteste des images satellites de Maxar datées du 10 mars.

En dépit des évidences, le président russe, Vladimir Poutine, a qualifié mercredi de "provocation grossière et cynique" des autorités ukrainiennes la découverte de cadavres de civils dans la ville de Boutcha après le retrait des forces de Moscou. Le gouvernement allemand, au vu notamment des images satellites, déclare que cette position n'est "pas tenable".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.