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La centrale ukrainienne de Zaporijjia bombardée : "La situation de guerre n'a pas été prise en compte" lors de sa construction, explique une experte

La centrale, la plus grande en Europe, a subi des bombardements ce week-end. Sur franceinfo, Karine Herviou, directrice générale adjointe de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, précise que les systèmes de sûreté en cas d'accident sont peu vulnérables aux bombardements.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La centrale de Zaporijjia, le 11 septembre 2022, en Ukraine. (STRINGER / AFP)

"Il n'y a pas de rejets radioactifs" après les bombardements de la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine, a confirmé lundi 21 novembre sur franceinfo Karine Herviou, directrice générale adjointe de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire.

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La plus grande centrale en Europe, située dans le sud de l'Ukraine et occupée par les forces russes, a subi des bombardements ce week-end. Les deux parties s'accusent mutuellement d'être à l'origine des tirs. Seuls des bâtiments à proximité des réacteurs ont été visés. 

franceinfo : Quelle est la situation de la centrale après les bombardements ?

Karine Herviou : D'après les informations que l'on a, des obus n'ont pas conduit à une situation accidentelle sur les six réacteurs du site, par contre, il y a des bâtiments qui sont proches des bâtiments des réacteurs en béton cylindriques qui ont été touchés, mais il n'y a pas de rejets radioactifs. Les conditions radiologiques sont tout à fait normales. Les experts de l'AIEA vont aller inspecter de plus près les bâtiments qui ont été touchés pour voir les dégâts, essentiellement sans doute des dégâts au niveau des bâtiments, peut-être des systèmes, mais des systèmes de moindre importance par rapport à la sûreté des réacteurs.

Comment sait-on qu'il n'y a pas de fuites ?

Il y a des balises qu'on appelle des mesures de radiologique d'ambiance radioactive sur le site et à proximité. Depuis l'invasion russe, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) suit l'évolution quotidienne de ces balises, de ces résultats de mesure radiologique sur le site. Et il n'y a pas eu d'augmentation mesurée avant pendant le week-end après les bombardements. C'est retransmis en quasi temps réel. Donc effectivement, très rapidement, on peut voir les évolutions en cas de rejet d'activité sur le site.

Quel est le point faible d'une centrale nucléaire ?

L'intérêt des réacteurs de conception russe, c'est qu'ils ont à la fois le cœur du réacteur, mais également la piscine d'entreposage du combustible usé qui a été irradié et qui est entreposé pendant quelques années dans une piscine pour le refroidir, à l'intérieur du bâtiment du réacteur. Les systèmes de sûreté qui sont essentiels en cas d'accident sont également situés en dessous du bâtiment réacteur, donc assez peu vulnérables à des tirs ou à des bombardements.

Les six réacteurs de la centrale sont arrêtés, mais est-il nécessaire de l'alimenter en électricité ?

Une centrale lorsqu'elle est arrêtée a besoin d'électricité pour continuer à refroidir les éléments combustibles. En cas de perte totale des alimentations électriques externes, on risque un échauffement du combustible. Alors il y a des groupes électrogènes de secours qui viennent suppléer l'absence d'alimentation électrique externe. Mais ce n'est pas pérenne. Donc, à chaque fois, les Ukrainiens ont réussi à restaurer les lignes d'alimentation. Mais c'est une situation qui reste quand même très inquiétante.

Ces centrales qui datent de l'ère soviétique ont-elles été pensées pour résister à des bombardements ?

C'est un scénario qui n'avait pas été envisagé. Par contre, les bâtiments cylindriques en béton surmontés d'un dôme visent quand même à protéger le cœur du réacteur et les piscines d'un certain nombre d'agressions externes, ce qui leur confère une certaine robustesse. Mais effectivement, la situation de guerre n'a pas été prise en compte lors de la conception et la construction de ces centrales.

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