La centrale ukrainienne de Zaporijjia bombardée : "La situation de guerre n'a pas été prise en compte" lors de sa construction, explique une experte
La centrale, la plus grande en Europe, a subi des bombardements ce week-end. Sur franceinfo, Karine Herviou, directrice gĂ©nĂ©rale adjointe de lâInstitut de radioprotection et de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire, prĂ©cise que les systĂšmes de sĂ»retĂ© en cas d'accident sont peu vulnĂ©rables aux bombardements.
"Il n'y a pas de rejets radioactifs" aprĂšs les bombardements de la centrale nuclĂ©aire de Zaporijjia en Ukraine, a confirmĂ© lundi 21 novembre sur franceinfo Karine Herviou, directrice gĂ©nĂ©rale adjointe de lâInstitut de radioprotection et de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire.
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La plus grande centrale en Europe, situĂ©e dans le sud de l'Ukraine et occupĂ©e par les forces russes, a subi des bombardements ce week-end. Les deux parties s'accusent mutuellement d'ĂȘtre Ă l'origine des tirs. Seuls des bĂątiments Ă proximitĂ© des rĂ©acteurs ont Ă©tĂ© visĂ©s.Â
franceinfo : Quelle est la situation de la centrale aprÚs les bombardements ?
Karine Herviou : D'aprĂšs les informations que l'on a, des obus n'ont pas conduit Ă une situation accidentelle sur les six rĂ©acteurs du site, par contre, il y a des bĂątiments qui sont proches des bĂątiments des rĂ©acteurs en bĂ©ton cylindriques qui ont Ă©tĂ© touchĂ©s, mais il n'y a pas de rejets radioactifs. Les conditions radiologiques sont tout Ă fait normales. Les experts de l'AIEA vont aller inspecter de plus prĂšs les bĂątiments qui ont Ă©tĂ© touchĂ©s pour voir les dĂ©gĂąts, essentiellement sans doute des dĂ©gĂąts au niveau des bĂątiments, peut-ĂȘtre des systĂšmes, mais des systĂšmes de moindre importance par rapport Ă la sĂ»retĂ© des rĂ©acteurs.
Comment sait-on qu'il n'y a pas de fuites ?
Il y a des balises qu'on appelle des mesures de radiologique d'ambiance radioactive sur le site et à proximité. Depuis l'invasion russe, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) suit l'évolution quotidienne de ces balises, de ces résultats de mesure radiologique sur le site. Et il n'y a pas eu d'augmentation mesurée avant pendant le week-end aprÚs les bombardements. C'est retransmis en quasi temps réel. Donc effectivement, trÚs rapidement, on peut voir les évolutions en cas de rejet d'activité sur le site.
Quel est le point faible d'une centrale nucléaire ?
L'intĂ©rĂȘt des rĂ©acteurs de conception russe, c'est qu'ils ont Ă la fois le cĆur du rĂ©acteur, mais Ă©galement la piscine d'entreposage du combustible usĂ© qui a Ă©tĂ© irradiĂ© et qui est entreposĂ© pendant quelques annĂ©es dans une piscine pour le refroidir, Ă l'intĂ©rieur du bĂątiment du rĂ©acteur. Les systĂšmes de sĂ»retĂ© qui sont essentiels en cas d'accident sont Ă©galement situĂ©s en dessous du bĂątiment rĂ©acteur, donc assez peu vulnĂ©rables Ă des tirs ou Ă des bombardements.
Les six rĂ©acteurs de la centrale sont arrĂȘtĂ©s, mais est-il nĂ©cessaire de l'alimenter en Ă©lectricitĂ©Â ?
Une centrale lorsqu'elle est arrĂȘtĂ©e a besoin d'Ă©lectricitĂ© pour continuer Ă refroidir les Ă©lĂ©ments combustibles. En cas de perte totale des alimentations Ă©lectriques externes, on risque un Ă©chauffement du combustible. Alors il y a des groupes Ă©lectrogĂšnes de secours qui viennent supplĂ©er l'absence d'alimentation Ă©lectrique externe. Mais ce n'est pas pĂ©renne. Donc, Ă chaque fois, les Ukrainiens ont rĂ©ussi Ă restaurer les lignes d'alimentation. Mais c'est une situation qui reste quand mĂȘme trĂšs inquiĂ©tante.
Ces centrales qui datent de l'Úre soviétique ont-elles été pensées pour résister à des bombardements ?
C'est un scĂ©nario qui n'avait pas Ă©tĂ© envisagĂ©. Par contre, les bĂątiments cylindriques en bĂ©ton surmontĂ©s d'un dĂŽme visent quand mĂȘme Ă protĂ©ger le cĆur du rĂ©acteur et les piscines d'un certain nombre d'agressions externes, ce qui leur confĂšre une certaine robustesse. Mais effectivement, la situation de guerre n'a pas Ă©tĂ© prise en compte lors de la conception et la construction de ces centrales.
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