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Invasion de l'Ukraine : "Qu'elle le veuille ou non, l'Europe est en guerre", selon d'anciens responsables militaires

Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU, précise que "40 000 hommes de la force de réaction rapide de l'Otan sont en alerte."

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les secours interviennent sur le lieu du crash d'un avion militaire ukrainien au sud de Kiev le 24 février 2022. (HANDOUT / UKRAINE EMERGENCY MINISTRY PRESS)

"Qu'elle le veuille ou non, l'Europe est en guerre", déclare jeudi 24 février sur franceinfo le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de Défense Nationale, après l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Un autre expert militaire, l'ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU Dominique Trinquand, estime de son côté que "la guerre n'est plus froide, c'est une guerre chaude". "Vladimir Poutine a trompé tout le monde. Nous pensions que la guerre en Europe n'était plus possible. Il démontre le contraire. On a affaire à un État agresseur extrêmement violent, la deuxième puissance militaire mondiale, puissance nucléaire."

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Pour Jérôme Pellistrandi, "le 24 février 2022 devient une date historique" avec ce "conflit majeur" qui débute "au cœur de l'Europe". "Il y a les États baltes et la Pologne qui sont au contact de cette zone de guerre, c'est ça qui est extrêmement inquiétant. D'autant que Vladimir Poutine menace les autres pays de représailles s'ils réagissent." Il se demande "si Poutine veut aller jusqu'à Kiev et imposer un changement de régime". "L'armée russe en a les moyens mais il n'y a aucune certitude possible".

Les Ukrainiens vont vouloir se défendre à tout prix. Ils pourront freiner les Russes mais en aucun cas les arrêter.

Jérôme Pellistrandi

à franceinfo

Si la stratégie russe est de "frapper fort et brutalement en utilisant l'aviation pour bombarder des cibles à haute valeur ajoutée comme des centrales électriques ou des aérodromes militaires", le rédacteur en chef de Défense Nationale déplore qu'il y ait déjà "des dommages collatéraux". "Des immeubles occupés par des populations civiles sont frappés et quand on voit les embouteillages de gens qui veulent fuir Kiev, c'est déjà un dommage collatéral."

"Vladimir Poutine est en train de casser physiquement l'Ukraine, mais il espère aussi la casser moralement", ajoute Dominique Trinquand sur franceinfo. L'ancien chef de la mission militaire française à l'ONU analyse : "Il agit sur le front du Donbass, pour élargir la zone contrôlée par les forces russes, mais aussi en profondeur. Il neutralise les aéroports, les stocks de munitions et probablement les moyens de communication. Son objectif est de démilitariser l'Ukraine pour la mettre à plat." Selon lui, "le premier discours de Poutine dans lequel il a annoncé que l'Ukraine n'existait pas était symptomatique de ce qui allait arriver".

Vers un soutien militaire et matériel de l'Otan?

Pour Dominique Trinquand, l'Otan pourrait presque "dire merci à Monsieur Poutine qui la ressuscite". "L'Otan va probablement envoyer des troupes en renfort aux frontières. Il y a déjà eu 3 000 soldats américains déployés en Pologne, la France avait de son côté proposé de se déployer en Roumanie, et 40 000 hommes de la force de réaction rapide de l'Otan sont en alerte." Pour l'Ukraine, en revanche, "rien n'est prévu" puisqu'elle ne fait pas partie du traité de l'Atlantique Nord, déplore-t-il. "Ce qui ne veut pas dire qu'on ne peut pas soutenir les Ukrainiens par des livraisons d'armes et des formations."

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