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Guerre en Ukraine : la présidente d’Amnesty international France dénonce "une escalade dans l'horreur"

Cécile Coudriou, la présidente d’Amnesty international, espère vendredi sur franceinfo que les preuves accumulées par son ONG serviront à la Cour pénale internationale pour établir les responsabilités, alors que des frappes aériennes ont visé ce matin des zones civiles à Dnipro, dans le centre de l’Ukraine.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Cécile Coudriou, présidente d’Amnesty International, sur franceinfo le 29 septembre 2020. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Cécile Coudriou, la présidente d’Amnesty international France estime vendredi 11 mars sur franceinfo "qu’il y a un changement de stratégie et une volonté de Vladimir Poutine d’écraser cette population", concernant les Ukrainiens.

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Ce matin, des frappes aériennes ont visé des zones civiles à Dnipro, dans le centre de l’Ukraine, un jardin d’enfant, un immeuble résidentiel et une usine de chaussures, après un raid la veille sur l’hôpital pédiatrique de Marioupol, condamné par la communauté internationale. "Il y a une escalade dans l’horreur", dénonce Cécile Coudriou.

franceinfo : Les civils ukrainiens sont-ils délibérément pris pour cible ?

Cécile Coudriou : Il y a une escalade dans l’horreur et dans le mépris de Vladimir Poutine des vies civiles, des droits humains et du droit international humanitaire. Nous avons depuis le premier jour une équipe pour documenter de manière numérique toutes ces violations, notamment des frappes aveugles. Nous pensons aujourd’hui qu’il y a aussi des frappes qui visent délibérément des civils. Par exemple nous avons documenté une frappe aérienne le 3 mars sur la ville de Tchernihiv, qui a fait 47 morts civils. Nous savons qu’il n’y avait pas de cible militaire. C’est pour nous un signe qu’il y a un changement de stratégie et une volonté de Vladimir Poutine d’écraser cette population. Nous sommes de plus en plus préoccupés qu’il n’y ait aucun respect du droit humanitaire, et des convois humanitaires. Nous savons aujourd’hui que des personnes ne peuvent plus fuir parce qu’elles sont victimes de bombardements.

Pour vous, Moscou commet des crimes de guerre ?

Pour nous, il y a des éléments constitutifs de crimes de guerre. La justice en décidera. Nous espérons fortement que toutes les preuves que nous accumulons actuellement serviront à la Cour pénale internationale pour établir les responsabilités. Nous avons documenté le 6 mars une frappe sur un point d’évacuation dans la banlieue de Kiev, à Irpin. Cela montre encore une fois qu’il n’y a aucun respect des engagements pris. Il y a toute une propagande autour de convois humanitaires. Nous étions déjà inquiets, nous sommes aujourd’hui consternés par la façon dont Vladimir Poutine ne respecte absolument pas ses engagements. Nous avons une pétition sur le site Amesty.org, adressée au ministère de la défense russe, pour rappeler l’importance du respect du droit international humanitaire. Nous sommes face à une personne qui fait depuis longtemps fi des droits humains et du droit international humanitaire.

La réponse de la communauté internationale est-elle adaptée selon vous ?

La communauté internationale est moins apathique que d’habitude. C’est déjà une bonne chose, notamment au niveau de l’Union européenne. Les réponses sont plus rapides que d’habitude, et il y a une volonté d’opposer une unité à cette volonté farouche de Vladimir Poutine d’en découdre avec le régime ukrainien, mais aussi la population ukrainienne. Nous contribuons actuellement à lever tous ces leviers de justice internationale d’une part ; et d’autre part, à répéter ces appels pour la protection des civils, en espérant que la propagande russe finira par ne plus fonctionner, et que la population russe fera elle-même pression sur son dirigeant. Car selon le droit international, il s’agit bien d’une agression par la Russie sur l’Ukraine.

Imaginez-vous un jour la Russie jugée par un tribunal international ?

La Cour pénale internationale a compétence. Bien que l’Ukraine n’a pas signé et ratifié le statut de Rome qui a institué cette CPI, elle reconnaît sa compétence, de façon à ce qu’il puisse y avoir une enquête. C’est quand même historique car 39 Etats ont demandé au procureur de cette CPI, Karim Khan, d’ouvrir une enquête. Hier il y a eu une première annonce encourageante sur l’Ossétie du Sud, même si ce n’est pas l’Ukraine, les responsables présumés sont similaires, des pro-russes. Nous pensons qu’il est possible de traduire en justice cette hiérarchie militaire. Il faut continuer à faire pression pour que tous les éléments de preuve puissent aider le procureur de la CPI à traduire en justice divers responsables militaires, y compris les milices du groupe Wagner, qui peuvent opérer dans un mépris total des droits humains.

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