Guerre en Ukraine : "Je ne sentais rien d’autre que la douleur de l’électricité", témoigne un habitant d'Izioum victime de torture
Après la découverte de centaines de corps dans cette ville du Donbass, plusieurs habitants ont fait état de tortures perpétrées par les forces russes durant l'occupation. L'un d'eux a accepté de raconter son calvaire à franceinfo.
Un soir de septembre, il y a deux semaines, Maxim entend le bruit d’une voiture dans sa rue, il regarde par la fenêtre. Les forces russes sont là… Cet habitant d'Izioum, dans le Donbass, dans l'est de l'Ukraine, est arrêté : "Ils sont descendus de la voiture avec leurs armes. Je les ai vus mais ce n’était pas la peine de se cacher. J’ai ouvert la porte et tout de suite ils m’ont plaqué le visage contre le mur et ils m’ont menotté et fouillé. Et après ils m’ont emmené en ville dans le bâtiment de la police. Sur place il y avait des cellules. Les criminels étaient au rez-de-chaussée et au sous-sol c’était les prisonniers politiques".
Le voile se lève chaque jour un peu plus sur les conditions de vie sous occupation russe dans cette ville de 45 000 habitants où 450 corps ont été retrouvés enterrés dans une forêt jeudi 15 septembre. D’après plusieurs témoignages, des habitants de la ville suspectés d’être des espions ukrainiens ont également été torturés par les occupants russes, à l'image de Maxim.
Une semaine de sévices
Avant la guerre, le quadragénaire était journaliste. Est-ce pour cela que les Russes l’ont arrêté ? Il ne sait pas. Il sait simplement que ce sont des agents des services secrets russes qui l’ont torturé pendant une semaine. "Ils nous mettaient un sac sur la tête pour nous interroger, ils nous emmenaient dans une salle et nous torturaient avec l’électricité, se souvient Maxim. Et avec des bâtons ils nous frappaient. Quand je recevais des décharges électriques, inconsciemment je convulsais, et ça resserrait les menottes. J’aurais dû avoir mal aux poignets mais je ne sentais rien d’autre que la douleur de l’électricité."
Son supplice a duré une semaine, jusqu’à la libération d’Izioum le samedi 10 septembre, jusqu’à ce que ses geôliers le libèrent avant de s’enfuir : "Le lendemain de ma libération, je suis retourné au bâtiment de la police pour récupérer mon passeport. Il y en avait des centaines éparpillés partout". D’après les autorités ukrainiennes, les services secrets russes ont mené ces types d’interrogatoires pendant des mois dans plusieurs villes de la région.
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