Guerre en Ukraine : face au voisin russe, les Finlandais sont de plus en plus favorables à une entrée dans l'Otan
Pour ce pays voisin de la Russie, l’adhésion à l’Alliance atlantique devient soudainement bien plus pressante. Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’opinion et la classe politique ont complètement basculé d'avis sur le sujet.
L'option d'une entrée de la Finlande dans l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, l'Otan, paraissait, jusqu'à peu encore, trop risquée, vis-à-vis de la Russie voisine. Celle-ci est d'ailleurs très claire sur le sujet : une telle décision aurait des répercussions. Mais c'était avant l'offensive menée par le Kremlin contre l'Ukraine.
>> Guerre en Ukraine : suivez l’évolution de la situation dans notre direct
Aujourd'hui, une large majorité des Finlandais veulent rejoindre l'Otan, selon un sondage. Dans ce taux historique, les sondés se disent favorables à 62% pour rejoindre l'alliance militaire occidentale, contre 16% à y être opposés et 21% indécis, selon cette enquête de l'institut Taloustutkimus, citée par l'AFP. Preuve du basculement : il y a deux semaines, le même sondage avait pour la première fois de l'histoire du pays nordique donné une majorité absolue (53%) en faveur d'une adhésion à l'Otan, marquant un bond de près de 25 points après l'offensive ordonnée par Vladimir Poutine.
Souvenirs de la guerre froide
L'ensemble des partis politiques y est également favorable."Nous avons un régime très agressif à notre frontière", commente Hatte Arjane, député, membre des Verts finlandais. "Le processus doit être réfléchi et les décisions prises doivent être sages et adaptées. Mais j'insiste : la Finlande est souveraine et elle peut prendre ses propres décisions.", explique-t-elle.
Car c'est peut être la fin de la politique du profil bas face au grand voisin. La Finlande, qui acceuille certains Russes qui fuient les sanctions occidentales, garde un souvenir amer de la neutralité imposée par Moscou pendant la Guerre froide, qui a pris fin à la chute de l'URSS.
Jussi Lassila,spécialiste de la Russie, avait déjà observé une légère progression de l'opinion pro-Otan après l'annexion de la Crimée en 2014. "À chaque fois que la Russie est devenue agressive militairement, il y a eu ce genre de réaction. Ce qui est exactement l'inverse de ce que la Russie veut", décrypte-t-il. Si la Finlande décide de rejoindre l'Otan, la Russie pourrait réagir, bien sûr, dit-il, avec des cyberattaques, par exemple, ou l'arrêt soudain du contrôle de la frontière, voire des manoeuvres militaires.
Peu après le coup de force du Kremlin, le président finlandais Sauli Niinistö a appelé la semaine dernière à prendre une décision sur le sujet, "sans hésitation mais avec prudence". La question devrait être examinée au Parlement en avril, après la remise d'un rapport sur les "bénéfices et risques". Comme la Suède, la Finlande est officiellement non alignée, bien qu'elle soit partenaires de l'Otan depuis le milieu des années 1990.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.