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Guerre en Ukraine : des industriels français s'installent pour produire sur place, "une première mondiale" se félicitent-ils

Paris veut désormais changer de doctrine : moins de livraisons d'armes et plus de contrats entre l'Ukraine et la France. L'objectif affiché est de faire de Kiev un partenaire militaire comme les autres.
Article rédigé par Paul Barcelonne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, à Kiev avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. (HANDOUT / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SER)

Ancrer l’aide militaire de la France dans la durée : voilà le message de Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, à l’occasion de son deuxième voyage en Ukraine depuis le début de la guerre. Le ministre, qui a accordé à franceinfo une interview exclusive, est arrivé à Kiev le jeudi 28 septembre avec une délégation d’une vingtaine d’industriels français, qui participent ce vendredi au premier forum des industries de défense. Et leur message est clair : plus question de sans cesse piocher dans les stocks de l’armée.

>> Armement : à quel point la guerre en Ukraine a-t-elle relancé l'industrie française de défense ?

Charge désormais aux Ukrainiens d’investir et d’acheter des armes à la France, comme tous les partenaires militaires. Un objectif qui réjouit forcément les industriels français, qui promettent de leur côté de passer à "l’économie de guerre" : réduction des délais, accélération des cadences de livraisons pour soutenir l’armée Ukrainienne...

"Cocorico !", lâche Alexandre Pedemont, à la tête du groupe Vistory. "C'est une première mondiale, on va installer ici en Ukraine, sur 2 000 m² de surface, des capacités de production", se félicite-t-il. Il s'agira d'ateliers pour réparer du matériel, et fabriquer jusqu'à mille drones par mois. "On va recruter de la main d'oeuvre ici. Et en France, c'est 15 emplois en plus et même jusqu'à 30 en plus à terme."

"Ça fait partie de la croissance de notre entreprise"

Des créations d’emplois en Ukraine et en France car les carnets de commandes sont pleins, preuve que, même si la contre-offensive patine, la guerre offre aux industriels français des marchés prolifiques, jamais vus jusqu’ici. "Ça fait partie de la croissance de notre entreprise", reconnaît Bastien Mancini, le président de la société Delair, elle aussi spécialiste des drones. "On est une petite entreprise, on fait un peu plus de dix millions de chiffres d'affaire. Les grands acteurs mondiaux du drone sont à plus de 300, 400 millions."

"Quand vous avez des systèmes qui résistent dans ces conditions-là, c'est une belle vitrine pour aller vendre sur d'autres marchés."

Bastien Mancini, de la société Delair, spécialiste des drones

à franceinfo

Revers de la médaille pour ces entreprises : s’exposer à des frappes ou devenir des cibles, et être considérées par la Russie comme parties prenantes à la guerre. Un risque que ces industriels sont aujourd’hui prêts à assumer.

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