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Guerre en Ukraine : ce que l'on sait des frappes russes massives qui touchent plusieurs villes ukrainiennes

Les bombardements ont visé à la fois des bâtiments civils et des infrastructures énergétiques, entraînant des coupures de courant dans une grande partie du pays. 

Article rédigé par franceinfo
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De la fumée s'élève au-dessus d'une église orthodoxe dans la ville de Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, après un tir de missile russe, le 10 octobre 2022.  (YURIY DYACHYSHYN / AFP)

"La matinée est difficile." Dans une vidéo diffusée lundi 10 octobre, Volodymyr Zelensky révèle que des "dizaines de missiles", tirés par la Russie, sont tombés sur plusieurs villes d'Ukraine, dans une proportion inégalée depuis plusieurs semaines. Franceinfo fait le point sur cette démonstration de force de Moscou. 

Les missiles ont été tirés deux jours après l'explosion du pont de Crimée

Les frappes surviennent deux jours après des explosions ayant en partie détruit le pont de Crimée samedi, et alors que Vladimir Poutine a convoqué lundi un Conseil de sécurité après cet évènement. Le dirigeant russe accuse les forces ukrainiennes de la destruction de ce pont qui relie le territoire annexé par Moscou en 2014 et la Russie, dénonçant un "acte terroriste" de leur part. De son côté, Kiev n'a ni revendiqué ni démenti son implication

Lundi, en réponse au revers essuyé par Moscou durant le week-end, plusieurs villes ukrainiennes se sont retrouvées sous le feu des tirs russes. Les armes utilisées sont notamment des drones iraniens "Shahed", a précisé Volodymyr Zelensky dans sa vidéo, mais également des missiles de croisière. 

La capitale, Kiev, fait partie des villes particulièrement visées. "Des missiles ont touché le centre-ville et le district de Solomianskyi", a indiqué le maire de la ville, Vitali Klitschko, appelant les habitants à "rester dans les abris". Les stations de métro souterraines, transformées en refuges, accueillent plusieurs dizaines de personnes. Une "station de métro à Kiev, où je suis avec mon fils actuellement. Bondée, beaucoup d'enfants. Les gens sont calmes, pas de panique", décrit Inna Sovsun, une membre du Parlement ukrainien, sur Twitter. 

Les régions de Lviv et de Rivne, dans l'ouest du pays, de Dnipro, dans le centre, ou encore de Zaporijjia, dans le sud, ont aussi été touchées. Dans une autre vidéo, diffusée sur la messagerie en ligne Telegram, Volodymyr Zelensky relaie des images de frappes à Zaporijjia et Kiev. Les régions de Kharkiv et de Donetsk, dans l'est, ont également été bombardées, alors que les forces ukrainiennes ont récemment regagné du terrain dans ces régions annexées par la Russie. "L'armée russe a lancé une attaque au missile sur Sloviansk [dans l'oblast de Donetsk], il y a des morts et des blessés", a ainsi tweeté la police nationale ukrainienne. 

 

Selon la Défense ukrainienne, l'armée russe a lancé 83 missiles sur l'Ukraine. La défense aérienne ukrainienne en a intercepté 52, dont 43 étaient des missiles de croisière.

Des infrastructures énergétiques et civiles ont été ciblées

Les frappes russes ont visé "deux cibles", a affirmé Volodymyr Zelensky : "Les infrastructures énergétiques" et "la population". Les forces russes "veulent la panique et le chaos (...), nous détruire", a-t-il ajouté. A Kiev, une frappe dans un square du centre-ville a endommagé une aire de jeu pour enfants, comme le montrent plusieurs photos diffusées notamment par l'un des conseillers de Volodymyr Zelensky, Kirill Timochenko. 

Les missiles ont également touché des infrastructures énergétiques, entraînant des coupures d'électricité et d'eau chaude dans plusieurs régions du pays. Le ministère des Situations d'urgence ukrainien a fait savoir que cinq régions, Lviv et Ternopil (Ouest), Kharkiv et Soumi (Nord-Est) et Poltava (Centre-Est), n'avaient "pas d'approvisionnement en électricité" à la suite des bombardements. "Dans le reste de l'Ukraine, l'approvisionnement en électricité est partiellement perturbé", a-t-il ajouté sur Telegram. Selon la police ukrainienne, "29 infrastructures essentielles, quatre immeubles et 35 bâtiments résidentiels privés" ont été endommagés, ainsi qu'une "école de la capitale"

A Lviv, "une partie de la ville est désormais sans électricité" et "en raison des coupures de courant (...) il n'y a plus d'eau chaude pour le moment", a déclaré de son côté le maire de la ville, Andriï Sadoviï. "Nous demandons à chacun, si possible, de limiter sa consommation d'électricité aujourd'hui de 17 heures à 22 heures", ont demandé les autorités dans la journée.

En Russie, lors de la réunion de son Conseil de sécurité retransmis à la télévision lundi, Vladimir Poutine a confirmé que "des frappes massives, avec des armes de haute précision de longue portée, [avaient] été menées contre l'infrastructure énergétique, militaire et de communication de l'Ukraine". Pour le dirigeant russe, ces frappes sont des répliques à l'attaque du pont de Crimée samedi. 

Une nouvelle "frappe sur une installation énergétique" a eu lieu mardi à Lviv, a rapporté à la mi-journée Maksym Kozytskyi, chef de l'administration militaire de la région. De son côté, le maire de la ville, Andriï Sadoviï, rapporte que "30% de la ville de Lviv est temporairement privée d'électricité en raison d'un tir de missile". Le gouverneur de la région de Dnipro, Valentin Reznitchenko, a lui aussi fait savoir mardi que de nouvelles frappes avaient eu lieu. "Les Russes ont tiré des missiles sur les infrastructures énergétiques des districts de Pavlograd et Kamian. Il y a de graves destructions", a-t-il déclaré, ajoutant que de nombreuses localités étaient "privées d'électricité"

Un lourd bilan humain

Plusieurs sources présentes sur place déplorent "des morts et des blessés". Mardi à la mi-journée, un bilan global communiqué par le conseiller présidentiel Kirill Timochenko, sur la base d'informations envoyées par les administrations militaires régionales, faisait état de 23 morts et 100 blessés. La capitale, Kiev, est la zone la plus touchée, avec "7 morts et 49 blessés".

La Biélorussie déploie des troupes aux côtés de la Russie, l'UE condamne des "crimes de guerre"

Les réactions internationales se sont enchaînées à la suite des bombardements. L'Union européenne (UE), par la voix de son chef de la diplomatie Josep Borrell, la France et la Pologne ont qualifié ces frappes de "crimes de guerre", pointant notamment le fait que la Russie ait visé intentionnellement des populations civiles. Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a dénoncé des "attaques horribles et aveugles".

De son côté, Vladimir Poutine a mis en garde l'Ukraine. "Si les tentatives d'attentats terroristes sur notre territoire se poursuivent, les réponses de la Russie seront sévères et leur ampleur correspondra au niveau des menaces posées", a-t-il affirmé en ouverture de son Conseil de sécurité, faisant référence à l'explosion du pont de Crimée.

En Biélorussie, le dirigeant Alexandre Loukachenko a accusé lundi l'Ukraine de vouloir attaquer son pays. Il a annoncé un déploiement de troupes conjointes biélorusses et russes. "Du fait de l'aggravation de la situation aux frontières occidentales de l'Union [russo-biélorusse], nous avons convenu de déployer un groupement régional de la Fédération de Russie et de la République de Biélorussie", a-t-il déclaré, sans donner plus de précisions. 

Au sud-ouest de l'Ukraine, la Moldavie voisine a déclaré que "trois missiles de croisière lancés (...) sur l'Ukraine par des navires russes en mer Noire" avaient violé son espace aérien. Le chef de la diplomatie moldave a déclaré avoir convoqué l'ambassadeur de Russie en Moldavie pour des explications.

Enfin, Volodymyr Zelensky s'est entretenu en urgence avec Emmanuel Macron et le chancelier Olaf Scholz, lundi matin. Le président français a fait part de son "extrême inquiétude" et a promis d'accroître l'aide militaire de la France à l'Ukraine. De son côté, le gouvernement allemand a fait savoir que les dirigeants du G7 et Volodymyr Zelensky tiendraient mardi une réunion virtuelle sur la situation en Ukraine. 

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