Guerre en Ukraine : à la frontière polonaise, "les gardes ukrainiens nous ont tapés avec des bâtons", racontent des étudiants étrangers
De nombreux étudiants africains ou asiatiques qui vivaient en Ukraine tentent de passer en Pologne depuis le début de l'offensive russe. Certains se plaignent d'un traitement raciste de la part des garde-frontières ukrainiens.
Couverture sur le dos, Gurwinder peine encore à réaliser qu’il est enfin arrivé en Pologne. "J'ai essayé de passer à plusieurs reprises", raconte cet étudiant indien, chauffeur de VTC à Kiev (Ukraine). Il a marché 30 kilomètres pour rejoindre la frontière, où il a dû attendre trois jours au poste-frontière ukrainien pour traverser. "À chaque fois, les gardes ukrainiens m’ont dit : 'Non, ce sont d’abord les femmes et les enfants qui passeront. Vous, les Indiens, vous ne passerez pas', raconte Gurwinder. Nous avons essayé pendant trois jours, sans dormir, sans manger car si vous dormez, vous perdez votre place."
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Comme lui, plus de 500 000 personnes ont rejoint la Pologne depuis le lancement de l'offensive russe en Ukraine, le 24 février. L'exode est notamment très difficile pour les 78 000 étudiants étrangers qui vivaient comme lui en Ukraine, dont beaucoup sont originaires d'Afrique et d'Asie. Plusieurs d’entre eux ont en effet dénoncé des discriminations du côté ukrainien de la frontière.
Frappés et laissés dans le froid
Si les étrangers interrogés n’ont pas tous eu de problèmes à traverser la frontière en raison de leur nationalité, plusieurs récits ont émergé de la part d’étudiants bloqués du côté ukrainien de la frontière. L’Union africaine a même dénoncé un traitement "inacceptable" et "raciste" pour les Africains. Certaines ambassades, comme celle de Côte-d’Ivoire, d’Afrique du Sud ou du Nigéria, ont envoyé des représentants sur place.
"Quand on est arrivés, ils ont fait passer avant nous les Ukrainiens avec des documents de résidence. Quand on a essayé de se plaindre, les gardes ukrainiens nous ont tapés avec des bâtons. J’ai été frappé plusieurs fois", témoigne pour sa part Clinton, un Ougandais de 24 ans. Il est arrivé dès le 24 février au poste frontière mais n'a pu rejoindre la Pologne que le 3 mars. "Ils nous ont laissé dormir dehors. On a dû faire un feu et ils l’ont éteint", raconte-t-il, encore sous le choc, dans la gare de Przemysl. Il estime que ce traitement infligé aux étrangers est raciste.
"Parce que vous êtes noir, même si vous essayez de communiquer en utilisant un traducteur en ligne, ils vous regardent et s’en vont. Ce sont les dépositaires de l’autorité, est-ce qu’ils ne sont pas supposés nous aider ? C'était très dur. Je suis vraiment très content d’être arrivé en Pologne car, honnêtement, je ne pensais pas y arriver. C’était très inquiétant."
Clinton, étudiant Ougandais de 24 ansà franceinfo
De son côté, l’Ukraine a démenti toute différence de traitement, assurant que le premier arrivé était le premier servi. Le service des garde-frontières ukrainiens a nié "toute difficulté", assurant que "personne n'a été empêché de quitter l'Ukraine". De son côté, Varsovie a rappelé que toute personne fuyant l'Ukraine est accueillie quelle que soit sa nationalité, passeport valide ou non...
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