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"Avec ça, vous tuez précisément la cible" : à Kiev, l’usage intensif des drones pour combattre l'armée russe

Si les Ukrainiens n’ont pas la maîtrise du ciel depuis le début de l’invasion russe, les drones sont leur point fort. A Kiev, l’unité Aerovidka les utilise pour repérer et neutraliser les colonnes de blindés de Vladimir Poutine.

Article rédigé par Etienne Monin, Gilles Gallinaro
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le lieutenant-colonel Yaroslav Horchan, membre de l'unité de renseignement aérien. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

C’est l’un des points forts de l’armée ukrainienne : depuis le début de l’invasion russe, elle utilise les drones pour guider des opérations commandos et des frappes de l’artillerie. Les Ukrainiens n’ont pas la maîtrise du ciel, mais ils utilisent tous les drones possible et imaginable pour atteindre les blindés russes.

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Yaroslav Honchar fait partie de ces hommes qui ont participé à la mise en échec de la première avancée russe. Ce lieutenant-colonel travaille pour l’unité Aerorovidka, qui collecte le renseignement aérien et qui gère la guerre dans la guerre : celle des drones contre les colonnes de blindés.

Les opérations ont souvent lieu la nuit : avec les caméras thermiques, les drones localisent les tanks ou les blindés. Ils sont souvent cachés près des maisons, et depuis les airs les frappes sont plus précises. "On les trouve, et on les tue, indique-t-il. Quand vous utilisez un drone, vous voyez ce que vous faites, vous tuez précisément la cible, pas comme quand vous tirez avec l'artillerie. Parce qu'avec l'artillerie, vous ne savez pas vraiment où la bombe tombe."

Pour cette guerre du ciel, les Ukrainiens utilisent les grands drones militaires turcs Bayraktar TB2. Mais pas seulement : à quelques kilomètres d’Irpin, dans la banlieue de Kiev, on a vu partir un commando avec un petit drone civil. Pavlo Bondarenko, producteur de podcast, utilise ainsi ses relations pour importer des drones qu’il achète dans le commerce et qu’il fournit aux forces spéciales.

Pavlo Bondranko, producteur de podcast, volontaire importateur de drones et de matériel de communication pour l'armée ukrainienne. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

"Lorsque j'ai une demande qui arrive pour un drone, j'envoie un post sur Facebook ou sur un autre réseau social, explique-t-il. Et je demande si quelqu'un peut m'en donner un gratuitement. Sinon, on demande qui veut participer pour réunir 3 000 euros pour en acheter un : chacun donne alors de sa poche. Pour chaque drone, il y a environ vingt ou trente personnes qui donne."

Les drones des civils sont aussi utilisés pour les opérations : ils sont alors formés pour devenir en une semaine opérateur commando. "On leur explique comment ça marche, ce qu'il faut faire et ne pas faire, explique Yaroslav Honchar. D'abord pour rester en sécurité. Ensuite pour pouvoir capter des informations avec le drone."

Cette armée des drones illustre les progrès technologiques de l’armée ukrainienne depuis la guerre du Donbass et la complémentarité surprenante qu’elle a noué aujourd’hui avec les civils.

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