Brexit : trois questions qui se posent après la non-présentation par Theresa May d'un "plan B" devant les députés
Après le rejet de l'accord négocié avec l'Union européenne, Theresa May devait présenter un "plan B" à la Chambre des communes, lundi. La Première ministre britannique est restée sur ses positions, ne proposant que des changements à la marge.
Un "plan B" qui n'en était pas vraiment un. Près d'une semaine après avoir essuyé un échec cinglant – le plus important de l'histoire du Parlement britannique – avec le rejet, par 432 voix contre 202, de son accord sur le Brexit négocié avec l'Union européenne, Theresa May s'est de nouveau présentée devant la Chambre des communes, lundi 21 janvier. La Première ministre britannique, qui devait présenter un "plan B" aux députés, a finalement décidé… de défendre son "plan A", n'évoquant que des changements minimes.
Qu'a-t-elle annoncé lundi ? Que va-t-il se passer ensuite ? Un second référendum sur le Brexit est-il envisageable ? Eléments de réponse.
1Qu'a annoncé Theresa May lundi ?
La dirigeante conservatrice n'a annoncé aucun changement de taille à l'accord sur le Brexit qu'elle avait négocié avec l'Union européenne. Theresa May a simplement déclaré qu'elle allait poursuivre les discussions avec des partis alliés des conservateurs – dont la formation nord-irlandaise DUP – et présenter les résultats de ces échanges à Bruxelles. L'un des points principaux de ces négociations est la question du "backstop", le "filet de sécurité" visant à éviter le retour d'une frontière entre l'Irlande et l'Irlande du Nord, et à mettre en place une union douanière entre le Royaume-Uni et l'UE après le Brexit.
La Première ministre a néanmoins annoncé quelques nouveautés, mais qui ne bousculent pas les grandes lignes de l'accord rejeté. Sur la méthode d'entrée en vigueur du Brexit, Theresa May a promis que le gouvernement britannique serait "plus ouvert et plus inclusif dans la manière d'associer le Parlement". Selon la BBC (en anglais), la dirigeante a assuré qu'il y aurait "des mises au point régulières" sur le processus du Brexit devant la Chambre des communes. Elle a également annoncé des contacts "plus approfondis" avec les acteurs économiques, les syndicats et membres de la société civile.
En parallèle, Theresa May s'est voulue rassurante face aux élus travaillistes, en garantissant le maintien des "protections les plus fortes possibles" en matière de droit du travail et de protection de l'environnement après le Brexit, précise Le Figaro. Elle a également assuré que les citoyens européens résidant au Royaume-Uni n'auraient pas à payer les 65 livres (environ 74 euros) requis pour pouvoir rester outre-Manche, contrairement à ce qui avait été annoncé.
2Que va-t-il se passer ensuite ?
Theresa May compte donc renégocier certains points de la mise en place du Brexit avec l'Union européenne. Mais les dirigeants européens ont rappelé, lundi, qu'une réouverture des négociations sur son premier accord n'était pas envisageable. Sur la question du "filet de sécurité", le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier, a ainsi déclaré à la chaîne irlandaise RTE que cette mesure avait "été convenue avec le gouvernement britannique" et qu'il s'agissait du "meilleur accord possible à l'heure actuelle".
Pourquoi [renégocier] ? Vous voulez que l'UE soit une plus grande perdante que le Royaume-Uni ?
Miroslav Lajcak, ministre slovaque des Affaires étrangères
Du côté de la Chambre des communes, plusieurs députés britanniques ont annoncé le dépôt prochain d'amendements, afin de retarder la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne et d'éviter à tout prix une sortie sans accord – le "no deal", envisagé par Theresa May. Selon la BBC (en anglais), un amendement du parti travailliste propose ainsi un droit de vote des députés sur plusieurs pans du Brexit, notamment la question de l'union douanière. Il appelle également les élus à décider d'un éventuel nouveau référendum, cette fois-ci sur le plan qui sera approuvé par la Chambre des communes. D'autres amendements visent à demander à Theresa May un report de la date d'entrée en vigueur du Brexit, précise la BBC.
D'après le journal The Times (en anglais), plusieurs membres du gouvernement menacent de démissionner la semaine prochaine si les députés conservateurs n'ont pas la possibilité de voter pour un plan visant à empêcher un Brexit sans accord, et ainsi à repousser l'entrée en vigueur du Brexit.
3Un nouveau référendum est-il possible ?
La Première ministre a réitéré lundi son opposition à un nouveau référendum, qui porterait, selon elle, atteinte à "la cohésion sociale" au Royaume-Uni. "Notre devoir est de mettre en œuvre le résultat du premier" référendum, a-t-elle insisté.
Pourtant, l'idée d'un second référendum sur le Brexit semble gagner l'opinion publique. Selon une récente étude YouGov (en anglais), réalisée en janvier, 56% des Britanniques interrogés choisiraient aujourd'hui de rester dans l'Union européenne s'ils votaient de nouveau sur le sujet. Même Nigel Farage, figure de la campagne pro-Brexit en 2016, a estimé qu'il "pourrait y avoir un deuxième référendum", relève Le Parisien. "Le camp du 'Remain' [pour le maintien dans l’UE] s’y prépare. Les eurosceptiques seraient négligents de ne pas le faire aussi", a-t-il jugé.
Quelque 170 personnalités du milieu des affaires britannique ont également lancé un appel à un nouveau référendum, ajoute le quotidien The Guardian (en anglais). Elles craignent de graves conséquences économiques dans le cas d'un mauvais accord ou d'un Brexit sans accord. "Un second référendum est la seule façon de clore le débat", a lui aussi estimé l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, vendredi.
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