Vidéo "C'était une énorme erreur" : pro-Brexit en 2016, ces Britanniques veulent désormais rester dans l'Union européenne
Selon un sondage YouGov réalisé en mars, 7% des Britanniques ayant voté en faveur du Brexit ne veulent plus sortir de l'UE. A trois mois de l'échéance fatidique, prévue le 29 mars 2019, nous avons interrogé plusieurs de ces électeurs, qui réclament un second vote.
Plus de deux ans après le référendum sur le Brexit, le constat de Christopher Oram est sans équivoque. "Tout ce qui nous a été dit était un mensonge", soupire ce Britannique, originaire du sud-ouest de l'Angleterre. Aujourd'hui, ce jeune journaliste et chauffeur est un fervent "remainer", convaincu que le Royaume-Uni doit à tout prix rester dans l'Union européenne. Le 23 juin 2016, il a pourtant voté "oui" au Brexit, comme 51,9% des électeurs. "C'était une énorme erreur", reconnaît-il volontiers.
A l'instar de Christopher Oram, 7% des Britanniques ayant soutenu le Brexit lors du référendum regrettent aujourd'hui leur décision, selon un sondage YouGov réalisé en mars 2018. Convaincus qu'ils manquaient d'informations à l'époque, voire qu'ils ont été dupés par les pro-Brexit pendant la campagne, ils réclament ainsi un second référendum, et la chance d'avoir "le dernier mot" sur l'avenir – européen ou non – de leur pays. Une campagne en ligne, nommée "Remainer Now" ("Je veux rester désormais"), rassemble bon nombre d'entre eux.
Une campagne pro-Brexit convaincante
Dami Olatuyi a même été bénévole au siège de la campagne "Vote Leave" ("Votez pour sortir") en faveur du Brexit. Il le reconnaît lui-même : il connaissait peu de choses sur l'Union européenne et a vite été attiré par "l'optimisme" des pro-Brexit.
Ils disaient que tout serait formidable une fois sortis de l'UE. Je me suis dit : 'Pourquoi ne pas leur laisser une chance ?'
Dami Olatuyià franceinfo
D'autres Britanniques, tel James, souhaitaient avec ce vote non pas protester contre l'UE, mais contre leur propre gouvernement, mené à l'époque par le conservateur David Cameron. Pour Pav Akhtar, qui a vécu plusieurs années sur le continent, notamment à Bruxelles, il s'agissait surtout de réagir face à "l'inefficacité du système européen". En votant "oui" pour le Brexit, ce dernier a voulu dénoncer, par exemple, le fait que "des fonds issus de l'argent des contribuables sont alloués à des projets qui ne fonctionnent pas".
Mais beaucoup ont été convaincus par l'un des arguments phare du camp des pro-Brexit : le fait que le Royaume-Uni envoie chaque semaine à l'Union européenne 350 millions de livres (près de 387 millions d'euros), et que cet argent pourrait, une fois le pays sorti de l'UE, servir à financer le National Health Service (NHS), le service public de santé britannique. "J'ai des enfants qui sont malades, donc cet argument m'a convaincu", confie Emma Jiao-Knuckey.
"Qu'avons-nous fait ?"
Très vite, ces Britanniques ont eu le sentiment d'avoir été trompés, manipulés par la campagne pour le Brexit. Au lendemain du référendum, Nigel Farage, à l'époque leader du parti europhobe Ukip, a lui-même reconnu qu'il ne pouvait en aucun cas garantir que l'argent envoyé à l'UE chaque semaine pourrait être reversé au NHS. "C'était une erreur" de la campagne qu'il avait pourtant vivement soutenu, a-t-il lâché sur le plateau de l'émission "Good Morning Britain". "On nous a dit qu'on ne quitterait ni le marché unique, ni l'union douanière", poursuit James. "Et après, ils ont dit qu'ils voulaient sortir de tout cela !"
James se souvient particulièrement de la réaction de sa femme, citoyenne allemande, le matin du 24 juin 2016. "Elle pleurait dans mes bras, se remémore-t-il. A ce moment-là, je me suis dit : 'Qu'avons-nous fait ?'" A trois mois du début officiel du Brexit, programmé le 29 mars, il appelle lui aussi à la tenue d'un deuxième et dernier vote pour confirmer ou infirmer le choix des Britanniques.
Si l'on vous dit, moins de 24 heures après votre vote, que l'une des principales raisons qui vous ont poussé à faire ce choix est un mensonge, une erreur, je pense que l'on peut comprendre que je réclame un nouveau vote.
Emma Jiao-Knuckeyà franceinfo
"Maintenant, nous avons tous les faits en main", argumente Pav Akhtar. "Les choses changent, conclut Christopher Oram. Et quand elles changent, vous devriez avoir le droit de changer d'avis."
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