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Brexit : "Si les gens avaient su tout ça il y a deux ans, ils auraient voté pour rester dans l’Union européenne"

Malgré la menace d’une motion de défiance au sein du camp conservateur, la Première ministre britannique assure qu’elle accompagnera le processus de sortie de l’Union européenne, jusqu’au bout. Dans les rues de Londres, les avis sont plus que jamais partagés. 

Article rédigé par Elise Delève - Edité par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un homme proteste devant le parlement britannique le 15 novembre 2018 contre l'accord négocié par Theresa May avec l'Union européenne sur le Brexit. (MAXPPP)

En pleine tempête, Theresa May garde le cap. La Première ministre britannique ne laissera pas son poste. Pas de démission a-t-elle redit jeudi malgré la crise politique qu’elle affronte depuis 24 heures. "Être un leader c’est prendre les bonnes décisions, pas les plus faciles. Mon travail c’est de trouver un accord qui découle du vote des Britanniques, qui protège l’emploi, qui protège la vie des gens, notre sécurité, et l’unité du Royaume-Uni, a déclaré la chef du gouvernement lors d’une conférence de presse. Je crois que cet accord nous apporte tout cela. Est-ce que j’irai jusqu’au bout ? Oui." En une journée, ce sont pourtant quatre de ses ministres qui ont claqué la porte pour dénoncer l’accord qu’elle venait de conclure sur le Brexit.

Que pensent les Londoniens de cette situation et de cet accord sur le Brexit ? franceinfo leur a posé la question. Et nombreux sont ceux qui en veulent à Theresa May. C’est elle le visage du Brexit et donc évidemment elle la cible des critiques. Donna, par exemple, est très dure envers la Première ministre britannique. "Elle est très faible, n’a pas de foi, pas de charisme, elle n’est pas assez forte, je ne l’aime pas !", lance-t-elle. "Elle s’est trop laissée persuader par les Européens de ce qui était bon pour eux mais pas pour nous", poursuit la jeune femme.

On a voulu quitter l’Europe et on nous dit ce que l’on doit faire ou ne pas faire, ce n’est pas normal.

Donna, une Londonienne

à franceinfo

D’autres Londoniens rencontrés dans la capitale britannique sont plus indulgents envers Theresa May, à l’image de Patrick. "Elle fait du mieux qu’elle peut étant donné la situation terrible dans laquelle nous sommes. Elle essaie d’honorer le vote qui a été fait et de négocier le meilleur accord possible. Mais il n’y a pas de bon accord", résume-t-il.

Quitter l’Union européenne est un énorme pari, c’est un gros risque. Il y a plus de côtés négatifs que de côtés positifs.

Patrick, un Londonien

à franceinfo

Comme Patrick, un peu plus de la moitié des Britanniques soutient l’idée d’un second référendum. Et pour Jilian, revoter n’est pas un déni de démocratie.

La démocratie autorise les gens à changer d’avis.

Jilian, une Londonienne

à franceinfo

"Les gens ont eu le temps de comprendre ce que Brexit voulait dire", explique-t-elle. Et s’ils avaient su tout ça il y a deux ans, ils auraient voté pour rester dans l’Union européenne", assure-t-elle. Mais sur l’idée d’un deuxième référendum, Theresa May reste ferme. Tant qu’elle sera au pouvoir, il n’y aura pas de nouveau vote sur le Brexit.

La Première ministre affaiblie

Reste à savoir si la Première ministre britannique peut encore s’en sortir. Mathématiquement, il semble quasi impossible à l’heure qu’il est que son texte obtienne une majorité au parlement. Theresa May pensait négocier quelques soutiens pendant le débat des parlementaires mais les portes se ferment une à une. Une partie des conservateurs, son propre camp, tente de lancer une motion de défiance et les unionistes nord-irlandais prennent leurs distances depuis hier. Quant aux travaillistes, dont la Première ministre espérait rallier les plus modérés, ils ont peut-être trouvé plus intéressant. Jeudi soir, Jérémy Corbyn, le chef du Labour a en effet envoyé un mail à ses membres. Il s’est clairement positionné pour un deuxième référendum si de nouvelles élections générales n'avaient pas lieu.

Mais paradoxalement, Theresa May pourrait se maintenir au pouvoir. Selon les analystes outre-Manche, en cas de motion de défiance, les conservateurs ne renverseraient pas la Première ministre, car il y a une chose qu’ils détestent encore plus que l’accord sur le Brexit, c’est Jérémy Corbyn, le patron des travaillistes.  

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