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Amnesty: en Bulgarie, les crimes racistes et homophobes restent impunis

Amnesty international demande à la Bulgarie d’engager des poursuites contre les auteurs présumés de crimes racistes ou homophobes qui, selon l'organisation, se multiplient et restent impunis. La majorité des victimes ne portent pas plainte, craignant des discriminations de la part l’appareil judiciaire lui-même, dont l’inefficacité et la corruption sont régulièrement critiqués par Bruxelles.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des militants d'Amnesty international déflient à Sofia, le 18 juillet 2014, pour dénoncer les agressions contre les migrants et les homosexuels, notamment. (AFP PHOTO / DIMITAR DILKOFF)

Le caractère raciste ou homophobe des attaques violentes à l’encontre de réfugiés, notamment de Syrie et d'Irak, de la minorité Rom de Bulgarie et des homosexuels, n’est généralement pas pris en compte par les autorités bulgares, relève Amnesty dans un nouveau rapport rendu public, le 9 février 2015, à Sofia.

«Des centaines de personnes appartenant à des minorités ont fait l'objet de crimes haineux» et très peu d’entre elles estiment pouvoir compter sur les autorités pour les défendre, a déclaré Marco Perolini, spécialiste des questions sur la discrimination en Europe au sein d’Amnesty.

Selon le Comité Helsinki de Bulgarie et d’autres organisations locales, cités par Amnesty, les attaques violentes contre les migrants et les demandeurs d’asile ont connu un pic en 2013. Entre janvier 2013 et mars 2014, ces crimes ont fait l’objet de 80 procédures pénales. Mais parmi ceux qui dénoncent des crimes de haine, peu obtiennent justice ou des réparations devant les tribunaux.


Autre constat d’Amnesty, les Rom de Bulgarie font l’objet de préjugés de la part même de la police et du parquet. Ce qui laisse, selon l’organisation, peu de chances à des «investigations objectives» en cas de dépôt de plainte des victimes, souligne le rapport.

«En Bulgarie, les violences homophobes et transphobes sont balayées sous le tapis. Les autorités doivent réviser la loi sur les crimes de haine, afin d’inclure tous les motifs de discrimination, afin que les lesbiennes, les gays et les personnes bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) puissent vivre sans avoir peur», a ajouté Marco Perolini.

Réviser la loi
Selon une récente étude menée par l'UE, 86% les LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres) en Bulgarie ayant subi des violences ou des menaces n'on pas signalé ces faits à la police. Un tiers de ces personnes a affirmé avoir eu peur des réactions homophobes ou transphobes de la part des policiers bulgares, souligne Amnesty.

La législation bulgare ne comprend aucune disposition relative aux crimes de haine ayant des motivations homophobes, qui restent considérées par les autorités comme des actes de «houliganisme». En janvier 2014, le gouvernement a proposé un nouveau Code pénal, qui intégrait l’orientation sexuelle comme motivation d’un crime de haine. Toutefois, l’adoption de la loi a été suspendue à l’approche des élections législatives d’octobre 2014. Le gouvernement de Boïko Borissov doit encore mettre en œuvre ce changement. 

«Les autorités doivent enquêter, reconnaître et condamner publiquement les crimes de haine afin d’empêcher qu’ils ne se reproduisent, et combattre les préjugés bien ancrés dans la société bulgare», a martelé Marco Perolini d'Amnesty. Les attaques racistes se sont multipliées depuis 2011 en Bulgarie, pays le plus pauvre de l'UE, où l'afflux de réfugiés exarcerbe la xénophobie.

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