Le groupuscule des "Citoyens du Reich" devant la justice pour avoir minutieusement préparé un coup d'Etat en Allemagne
Ils voulaient renverser le pouvoir. Neuf membres présumés d'un réseau armé comparaissent lundi 29 avril à Stuttgart, en Allemagne, pour un projet de coup d'Etat déjoué fin 2022, premier d'une série de trois procès prévus pour ce groupe extrémiste dont le démantèlement avait stupéfié le pays.
Ce groupuscule baptisé "Reichsbürger" ("Citoyens du Reich") projetait d'envahir la chambre des députés allemands à Berlin, pour y arrêter les élus et renverser le gouvernement. Nourris aux idéologies complotistes et d'extrême droite, les profils des neuf hommes appelés à la barre au premier jour de ce procès marathon, étonnent. Le cerveau présumé est un aristocrate et homme d'affaires septuagénaire, Henri XIII, dit "Prince Reuss", descendant d'une lignée de l'Etat de Thuringe, qui devait prendre la tête du pays après le putsch. Autour de lui, un attelage assez hétéroclite : d’anciens officiers de l’armée, une ancienne députée d'extrême droite, un chef cuisinier réputé, une astrologue, une juge...
La "pérennité" du Reich allemand
Le groupuscule s'était structuré fin juillet 2021, avec une organisation politique et militaire. La mouvance des "Reichsbürger" regroupe des extrémistes de droite et amateurs d'armes qui rejettent la légitimité de la République allemande moderne : ils croient en la pérennité du Reich allemand d'avant la Première Guerre mondiale, sous la forme d'une monarchie, et plusieurs groupes de sympathisants ont décrété la création de leurs propres mini-États.
Pour préparer le coup d’Etat, le groupuscule avait donc fait l’acquisition de gilets pare-balles, de casques, de menottes et d’appareils de vision nocturne. Lors des perquisitions, la police a aussi saisi plus de 700 pistolets, fusils, arbalètes, couteaux et machettes. Le plan des "Citoyens du Reich" était conçu en deux temps : les militants devaient envahir le Bundestag et renverser le gouvernement. Pour rendre crédible le scénario, la cellule avait prévu de recruter un sosie du chancelier Olaf Scholz chargé d’annoncer le changement de pouvoir. Les militants, dont le nombre est estimé à un peu plus de 20 000 à travers toute l'Allemagne, devaient signer un pacte de confidentialité au moment de rejoindre la mouvance. Toute trahison était passible de la peine de mort.
Au total, ils seront 27 à devoir répondre de leurs projets devant la justice allemande dans trois procès différents, à Stuttgart, Francfort et Munich. A chaque fois, la justice a prévu une cinquantaine de jours d'audience, jusqu'en janvier 2025.
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