Cet article date de plus de six ans.

Comment l’Allemagne gère le démantèlement de ses centrales pour sortir du nucléaire d'ici cinq ans ?

Alors que la France est confrontée au vieillissement de ses centrales nucléaires, d’autres pays européens se sont lancés dans le démantèlement. C’est le cas de l’Allemagne qui a décidé d’arrêter toutes ses centrales d’ici 2022. 

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le groupe EWN espère avoir démantelé en 2028 le site de la centrale de Lubmin, en Allemagne, qui abrite huit réacteurs sur 20 hectares.  (PHILIPPE DUREUIL / IRSN)

De la corrosion dans les tuyaux de 29 réacteurs, la centrale du Tricastin à l’arrêt... Le vieillissement des installations nucléaires pose de plus en plus de questions et leur futur démantèlement n’est plus un tabou. Comment s'en sortent nos voisins européens ? Après l'Italie, franceinfo s'est rendu en Allemagne, qui veut sortir du nucléaire d’ici 2022.

Un démantèlement en cours en Poméranie  

Dans un des bâtiments réacteurs de la centrale de Lubmin, un immense site de huit réacteurs au bord de la Baltique, les employés en combinaison orange sont équipés de masques de protection. "Sur ce mur, on enlève l’amiante", explique Gudrun Oldenburg, guide pour l’opérateur EWN, chargé du démantèlement du site, dans le nord-est du pays. Seuls quatre réacteurs ont réellement fonctionné, c'est pourquoi les ouvriers ont pu s’entraîner sur les autres sans trop de risque radioactif. Pour Eckhard Skhaebe, chef des opérations de déconstruction, ce travail est une reconversion. Il a commencé comme apprenti à la centrale en 1974. "C'était un peu difficile pour moi quand ils ont décidé de la fermer en 1995", confie-t-il.

Mon travail, c’était que la centrale soit sûre quand elle fonctionnait. Maintenant, c’est que le démantèlement soit sûr.

Eckhard Skhaebe

à franceinfo

Une sortie du nucléaire avec ceux qui l'ont géré 

À 60 ans, Eckhard est un des rares anciens employés de cette centrale de l’ex-RDA. Alors qu'environ 15 000 personnes y travaillaient à l’époque, ils ne sont plus que 600 pour la déconstruire. Une hécatombe sociale, reconnait, le patron du groupe EWN, Henry Cordes, "plus difficile à gérer que la question technique".

Il ne faut pas perdre les compétences du personnel pour démanteler. Il s'agit de redynamiser le site, lui donner un nouveau projet.

Henry Cordes, à la tête du groupe EWM

à franceinfo

À présent, une cinquantaine de petites entreprises se sont réinstallées près de la centrale, dont l'une est spécialisée dans la production d’éoliennes.

Le problème de la gestion des déchets 

Même les déchets les plus radioactifs sont stockés sur place. Cette gestion marque une véritable différence avec la France, explique Patrice François, chargé du démantèlement à l'Institut de radioprotection et de sureté nucléaire français (IRSN). Le principe de réalité est vite posé, dit-il.

Démanteler les installations au plus vite, c'est aujourd'hui la recommandation sur laquelle tout le monde s'accorde. Mais quand les filières ne sont pas disponibles, cela impose de faire de l'entreposage.

Patrice François, IRSN

à franceinfo

Finalement, les Allemands ont construit des entrepôts de déchets pour déconstruire leurs centrales et prouver qu’ils peuvent aller vite pour démanteler leurs 17 centrales dans les prochaines décennies. Histoire aussi d’être prêts le jour où leur voisin français devra déconstruire ses réacteurs vieillissants. 

Le démantèlement d'une centrale nucléaire à Lubmin en Allemagne - un reportage d'Anne-Laure Barral

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.