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C'est ma planète. Nucléaire : comment l'Italie démantèle ses centrales

La France se trouve face au vieillissement de ses centrales nucléaires. Anne-Laure Barral s'est rendue en Italie qui démantèle petit à petit ses quatre centrales.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
La centrale nucléaire de Garigliano, à 150 km au sud de Rome, en cours de démantèlement.   (ANNE-LAURE BARRAL / RADIO FRANCE)

De la corrosion dans les tuyaux de 20 réacteurs, la centrale du Tricastin à l’arrêt... Le vieillissement de nos installations nucléaires pose de plus en plus de questions et leur futur démantèlement n’est plus un tabou. Nous sommes allés voir comment nos voisins italiens organisent le démantèlement de leurs centrales.

Cela fait déjà 30 ans que l’Italie est sortie du nucléaire. En 1987, juste après la catastrophe de Tchernobyl, le gouvernement a organisé un référendum sur la question et les Italiens ont dit majoritairement non à l’atome. Aujourd’hui leur plus vieille centrale, celle de Garigliano, à 150 km au sud de Rome, va devenir une pièce de musée avec sa sphère blanche typique d’une architecture industrielle des années 60. Si les Italiens sont sortis du nucléaire il y a longtemps, il faut dire aussi qu’il n’y avait que quatre centrales en production dans le pays quand nous en avons 19 en France. Une cinquième centrale était presque finie mais elle ne sera finalement jamais mise en route. L’Italie était également beaucoup moins dépendante que nous au nucléaire puisqu’il représentait alors moins de 10% de la consommation d’électricité du pays quand nous en sommes à près de 75%.

Décidé en 1987, le démantèlement vient de commencer

Le démantèlement de ces centrales est loin d'être terminé. Pendant plus de 12 ans. Il ne s’est rien passé. La doctrine, à l’époque, était qu'il fallait laisser refroidir, laisser la radioactivité baisser avec le temps. Mais au début des années 2000, les opérateurs changent de doctrine. Ils se sont aperçus qu’il vaut mieux vite déconstruire, parce qu’il faut garder la mémoire de la centrale. Qu’est ce qui s’est passé quand elle était en production ? Y a-t-il eu des incidents ? Pour ça, il faut les souvenirs des hommes qui l’ont fait fonctionner. Du coup, les Italiens ont à peine commencé la déconstruction de leur quatre centrales mais aussi de leur quatre sites de recherches et de production des combustibles.

Les Italiens confrontés aux mêmes problèmes que chez nous. Les réacteurs de l’ancienne génération, au graphite gaz, sont les plus compliqués à démanteler. Le graphite est très irradiant. Il faut trouver une destination aux déchets. Pour l’instant, l’autorité de sureté italienne a déterminé une liste de régions propices à ce stockage mais face à la levée de bouclier que cela va provoquer pour l’instant, personne ne s’attèle vraiment à la tâche. Qui voudra d’un site de déchets nucléaires près de chez soi ?

Le démantèlement est aussi un marché

Si l’Italie a beaucoup moins de centrale que nous, elle mène de front aujourd’hui plusieurs chantiers très différents pour prouver son savoir-faire et ne pas louper le grand marché de la déconstruction dans le monde : 86 réacteurs sont à l’arrêt et plus de 150 d’entre eux ont plus de 30 ans. La compagnie italienne Sogin, chargée du démantèlement, reste en particulier très attentive à ce qui se passe juste de l’autre côté des Alpes, avec l’immense marché français et ses 58 réacteurs.

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